La formation avait lieu dans un restaurant gastronomique non loin de chez moi. Pour une fois je sacrifiais un peu à mon temps, après une dure journée de labeur: j'avais répondu à l'invitation. "Avancez-vous, un apéritif vous attend sur la terrasse!". Génial! La vue est magnifique, l'étang, les nénuphars, les arbres autour, le bois en bordure. Vue vite gâchée hélas par quelques personnes que j'aurai préféré éviter. C'est la loterie. Si j'avais pu passer incognito! Mais l'invitation si alléchante avait suscité des convoitises.
Il aura fallu un bon quart d'heure et quand je dis bon quart d'heure c'est pas façon de parler, je suis bel et bien resté un bon quart d'heure, avant qu'une serveuse ne s'avance avec un plateau, offrir des rafraîchissements à un groupe de retardataires, sans toutefois venir jusqu'à moi. J'étais un peu à l'écart certes. Une dizaine de minute plus tard, une autre faisait circuler un plateau avec quelque amuse-bouche. Un par personne. Puis on vint m'offrir une flûte de champagne. Mais on annonçait en parallèle de s'avancer, que ça allait commencer.
Dans la salle de restaurant où nous prenions place pour la conférence, on pouvait voir juste à côté de belles tables dressées, nappes blanches sans un pli de travers. Comme les places du fond étaient prises d'assaut, c'est au premier rang, dernier choix qu'il reste aux cancres, que je m'installe.
Je vous passe les détails du contenu, présenté par un Droopy, survolant son diaporama, visiblement peu à l'aise pour prendre la parole en public, ne mettant aucun enthousiasme, ni de chaleur aucune dans son propos, ce qui a pour conséquence un décrochage de l'auditoire dans les cinq minutes. Au bout d'un moment, et c'est inévitable, ce sont les premiers bâillements qui s'expriment, on ne peut plus les réprimer. Impossible de se concentrer, on frôle l'hypoglycémie. Il faut avoir à l'esprit que le cerveau pour fonctionner est gros consommateur de sucre. On entend mieux le ventre plein! Tout ça dure une heure trente. On commence à gamberger, se demander ce qu'on va bien pouvoir se raconter à table, tout cela sent le piège qui se referme. On se fait du mauvais sang.
Puis coup de théâtre. Un groupe vient s'installer aux tables voisines, et on comprend d'un coup qu'elles ne nous étaient pas destinées. On épluche alors les autres éventualités, et le contenu du discours passe définitivement à l'arrière plan. L'intervenant met enfin un terme à son soliloque. On nous annonce un buffet qui va nous être dressé. On se moque du monde. Un petit jeune qui cherche le contact s'approche de moi, nous commençons à échanger quelques impressions et quelques sarcasmes. On se moque du monde. Et lorsqu'il me fait remarquer que le champagne a disparu au profit d'un vin rouge quelconque, c'en est trop. Décidément, on se moque du monde. Je tourne les talons, file à l'anglaise, avant même l'arrivée du buffet.
Je ne m'en suis pas si mal sorti finalement.
2 commentaires:
T'as enduré tout ça pour rien ? Peut-être que le buffet était bien ?
Peut-être... comme tu dis. Mais la déception était certaine: se contorsionner pour deux canapés, faire un semblant de conversation, rentrer à la maison avec faim et du coup devoir se mettre à table, non vraiment, sans façons...
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