Time Fades Away

dimanche 13 septembre 2009

Tim Buckley Live at the Folklore Center, NYC - March 6, 1967


"Are you ready?"

Quelques secondes, le temps de caler la bande sur le magnéto, et c'est parti. Décollage immédiat, pas le temps d'attacher les ceintures, collé au fauteuil, départ en trombe, prise de risques maximum. On est de suite ailleurs. Tim Buckley joue avec toute l'énergie et la fougue de ses vingts ans, seul à la guitare. Le jeu est rapide, nerveux, serré, précis. Lorsqu'il accepte de se produire au Folklore Center, il vient de publier son premier album quelques mois plutôt (décembre 1966). Il faut s'imaginer ça comme un show case, en gros c'est comme s'il se produisait dans une bibliothèque municipale, la photo de la pochette l'illustre bien . Pourtant l'homme ne s'économise pas, et interprète avec fièvre des chansons dont la majorité sont inconnues de son auditoire. Sur seize, quatre sont issues du premier album, quatre autres figureront sur son second Goodbye And Hello qui sera publié au mois d'août 1967, Dolphins de Fred Neil qu'il inscrit déjà à son répertoire, et six véritables inédits qui sont le principal attrait du disque.
La technologie moderne a redonné une nouvelle jeunesse à cet enregistrement, mais il faudra tout de même procéder à de menus ajustements sur son amplificateur, atténuer les aigus un peu aigrelets à mon goût, accentuer les basses pour donner un peu plus de chaleur et de boisé à l'ensemble. La technologie moderne n'efface pas hélas la quinte de toux qui vient perturber un des inédits Cripples Cry, et indispose momentanément l'auditeur, comme si on assistait à la scène...
L'enregistrement se termine sur des applaudissements shuntés et non sur une longue salve, méritée à mon humble avis parce que la prestation est prenante, ce qui peut laisser penser qu'un ou plusieurs morceaux supplémentaires ont été joués mais qu'il n'y avait peut être plus assez de bande pour les immortaliser.



Si on veut goûter des sensations plus extrêmes encore, c'est sur Dream Letter Live In London 1968, double album exhumé en 1990, qu'il faut se pencher. Enregistré quelques semaines après la sortie du troisième album Happy Sad, Tim Buckley se livre à un exercice de haute voltige qui coupe le souffle les deux heures de temps du concert.

Les bandes du Live At The Folklore Center n'ont pas bénéficié, faute de moyens, de la remastérisation à laquelle les Beatles ont eu droit, les enjeux économiques n'étant pas les mêmes à n'en pas douter. Elles ont néanmoins l'avantage d'être un témoignage brûlant d'un instant hors du temps. Elles offrent aussi six véritables inédits, sur seize titres... pas négligeable. L'objet se présente sous forme d'un simple digipack avec petit livret et entretien avec l'artiste au moment de sa venue, pour un somme bien plus abordable que ces honteux coffrets de recyclage, vendus au prix de l'or, déclinés en stéréo pour les nigauds ou mono comme attrape-gogo...

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