Deux pour le prix d'un ce soir aussi.
Reparler d'Elysian Fields et des souvenirs remontent à la surface. Je les ai vu sur scène la dernière fois, c'était le 4 mai 2006 au Krakatoa. Voici le compte rendu que j'en faisais il y a deux ans.
Le Krakatoa est une salle de concert à Mérignac, à la périphérie de Bordeaux. Quand j'ai appris qu'Elysian Fields allait y passer début mai, je suis resté incrédule. Pour deux raisons. La première c'est qu'ils étaient déjà passés en octobre dernier à Barbey, et que revenir six mois après, c'était la cerise sur le gâteau. La deuxième, c'est qu'à Barbey, ils n'ont pas joué dans la salle de concert, mais au bar, en "formule club", c'est à dire 100 à 200 personnes à tout casser. De toute façon, c'est ce genre d'atmosphère qui convient le mieux à leur musique. Alors le Krakatoa, ça peut contenir 1000 personnes. M'étonnait beaucoup qu'en six mois ils puissent le remplir...
Arrivé, je me rends à l'évidence qu'ils ne joueront pas sur la grande scène, une tenture noire barre la salle, une petite scène a été installée sur la droite, ce sera en formule club aussi, à la différence qu'il faut sortir de la salle pour aller à la buvette. Lentement on s'est glissé au premier rang. On doit être moins de 200 c'est sûr. Sur la scène, un piano droit, un ampli sur lequel on posé un petit Casio vintage. On se doute qu'ils joueront en formule réduite.
Les lumières s'éteignent, Oren et Jennifer arrivent, seuls. Jennifer entre comme un papillon dans la lumière, elle a les épaules rentrées, un peu voûtée, elle se tient comme une petite vieille. Ils s'approchent l'un de l'autre, échangent quelques mots pour choisir la première chanson. Oren, majestueux comme toujours, prend la guitare, et on démarre avec Baby Get Lost. Tout le concert sera improvisé comme ça. Entre chaque titre, Oren se rapproche de Jennifer qui choisit le morceau qu'elle veut interpréter. Lui, chevalier servant, se dirige en fonction vers le piano ou reprend la guitare. Il y a une atmosphère indéfinissable qui s'installe. Les chansons jouées sont parmi les plus mélancoliques, le fait d'être interprêtées de façon aussi dépouillée, accentue ce sentiment. Jennifer, nous tourne quelque fois élégamment le dos pour rester dans son monde, dans cet état d'hypnose qui lui est nécessaire pour faire sortir sa plainte élégiaque, son chant de sirène. Le frisson à plusieurs reprises, celui qui prend tout le long du dos et qui se poursuit jusque dans les avant-bras. Quand Oren est à la guitare, il ne quitte pas Jennifer des yeux, il la couve, il a un très beau regard sur elle. Celui d'un homme qui est encore amoureux (oui parce qu'ils étaient plus ensemble ces derniers temps). Et il est là, il exhausse les désirs de sa muse, qui, quand elle chante, nous fait retenir notre souffle. Seul écart à leur répertoire, une reprise de T-Rex, Planet Queen, sur Electric Warrior. C'est drôle parce que depuis deux mois je réecoute beaucoup ce disque! Hasard! On a assisté à beaucoup plus qu'un concert, mais à un moment de vie, un moment de leur vie de couple déchiré qui tente de se retrouver et peut-être de se reconquérir.
Pour le dernier morceaux, au moment du rappel, il y a comme une divergence entre les deux. Finalement Oren cède et lui dit: Sure I can do the song! Il s'intalle sur le tabouret du piano et reprend sa guitare. Jennifer chante, elle a choisi Mermaid, la dernière chanson du premier album Bleed Your Cedar, d'une beauté à tomber à la renverse, et sacrément triste. Comme une fois de plus elle me montrait son cul, je regardais Oren. Tout d'un coup, j'ai vu une larme rouler le long de sa joue. Il a baissé la tête, continuant à jouer de ses belles mains ces arpèges tortueux. J'ai vu tomber une grosse larme sur ses chausures. Il a fini son solo, il a fini la chanson. Il s'est levé, s'est dirigé vers le micro, nous a souhaité: Bonne nuit, et a quitté précipitamment la scène visiblement très troublé.
Les dernières nouvelles d'Oren Bloedow et de Jennifer Charles remontent en août 2006, pour un Concert A Emporter sur La Blogothèque.
C'est toujours aussi beau.
vendredi 28 novembre 2008
Vivement dimanche!!
La scène se passe il y a trois semaines, à la Fnac à Bordeaux, je passe en caisse, je dépose mes emplettes. Elle, derrière moi, grand manteau, la coupe de cheveux qui va avec, très chic, très Grande Dame, m'interpelle avec dans la voix une intonation de surprise et d'émerveillement, comme si le Petit Jésus venait de lui apparaître. Elle ne peut s'empêcher de me poser la question:
- C'est un calendrier de l'Avent? Où l'avez-vous trouvé? J'en un cherche désespérément!
- Non madame... C'est un disque vinyl, le premier album des Fleet Foxes.
Tout ça pour vous dire que ce dimanche est le premier dimanche de l'Avent, que très certainement vous vous en tamponnez bien le coquillard, tout comme moi d'ailleurs, jusqu'à ce que tout à l'heure en ouvrant ma boite à spam, je ne tombe sur ça.
En voilà une bonne nouvelle, et même trois bonnes nouvelles! La première c'est de trouver dans sa boite chaque jour un morceau tout nouveau tout beau tout chaud, tout inédit, et que deux fois douze titres ça fera une jolie compilation. La deuxième c'est qu'il y aura entre autres célébrités Emily Jane White, dont je ne tarderai pas à vous reparler dans le bilan de fin d'année. La troisième et pas des moindres, c'est qu'on a enfin des nouvelles d'Elysian Fields. Ils publieront leur nouvel album qui a été enregistré il y a tout juste un an, en début d'année prochaine.
- C'est un calendrier de l'Avent? Où l'avez-vous trouvé? J'en un cherche désespérément!
- Non madame... C'est un disque vinyl, le premier album des Fleet Foxes.
Tout ça pour vous dire que ce dimanche est le premier dimanche de l'Avent, que très certainement vous vous en tamponnez bien le coquillard, tout comme moi d'ailleurs, jusqu'à ce que tout à l'heure en ouvrant ma boite à spam, je ne tombe sur ça.
En voilà une bonne nouvelle, et même trois bonnes nouvelles! La première c'est de trouver dans sa boite chaque jour un morceau tout nouveau tout beau tout chaud, tout inédit, et que deux fois douze titres ça fera une jolie compilation. La deuxième c'est qu'il y aura entre autres célébrités Emily Jane White, dont je ne tarderai pas à vous reparler dans le bilan de fin d'année. La troisième et pas des moindres, c'est qu'on a enfin des nouvelles d'Elysian Fields. Ils publieront leur nouvel album qui a été enregistré il y a tout juste un an, en début d'année prochaine.
lundi 24 novembre 2008
Vive la crise!!
Crise du bâtiment, crise de l'immobilier, crise financière, crise bancaire, crise économique, crise des subprimes, crise monétaire, crise boursière, crise de la consommation, crise de confiance, crise de la natalité, crise de l'automobile, crise de l'édition, crise du disque, crise des média, crise de la presse écrite, crise alimentaire, crise des matières premières, crise industrielle, crise du secteur touristique, crise agricole, crise vinicole, crise de l'emploi, crise énergétique, crise pétrolière, crise sociale, crise politique, crise gouvernementale, crise du pouvoir, crise diplomatique, crise du transport aérien, crise des urgences, crise sanitaire, cellule de crise, crise de la quarantaine, crise du milieu de vie, crise de l'adolescence, crise d'autorité, crise de l'éducation, crise d'angoisse, crise de panique, crise d'épilepsie, crise d'asthme, crise de colique, crise d'urticaire, crise de foie, crise de nerf, crise de larmes, crise en thème, crise de fou rire!!!
mercredi 19 novembre 2008
Classement vertical
Deux pour le prix d'un aujourd'hui. Du retard, le rythme qui suit pas, la grisaille, le plafond bas, et le froid qui s'invite sournoisement, à croire que tout me ralentit le cerveau et m'engourdit les doigts.
Un peu de couleur, un rayon de soleil qui passait par là, sur le gris du béton à l'état brut. Mais plus que de couleurs, c'est de luminosité et de chaleur dont j'aurais besoin.
Tropismes 2 / Enfance 0
Elle était accroupie sur un coin du fauteuil, se tortillait, le cou tendu, les yeux protubérants: "Oui, oui, oui, oui" disait-elle, et elle approuvait chaque membre de phrase d'un branlement de la tête. Elle était effrayante, douce et plate, toute lisse, et seuls ses yeux étaient protubérants. Elle avait quelque chose d'angoissant, d'inquiétant et sa douceur était menaçante.
Il sentait qu'à tout prix il fallait la redresser, l'apaiser, mais que seul quelqu'un de doué d'une force surhumaine pourrait le faire, quelqu'un qui aurait le courage de rester en face d'elle, là, bien assis, bien calé dans un fauteuil, qui oserait la regarder calmement, bien en face, saisir son regard, ne pas se détourner de son tortillement. "Eh bien! Comment allez-vous donc?" il oserait cela. "Eh bien! Comment vous portez-vous?" il oserait le lui dire - et puis il attendrait. Qu'elle parle, qu'elle agisse, qu'elle se révèle, que cela sorte, que cela éclate enfin - il n'en aurait pas peur.
Mais lui n'aurait jamais la force de le faire. Aussi lui fallait-il contenir cela le plus longtemps possible, empêcher que cela ne sorte, que cela ne jaillisse d'elle, le comprimer en elle, à tout prix, n'importe comment.
Mais quoi donc? Qu'était-ce? Il avait peur, il allait s'affoler, il ne fallait pas perdre une minute pour raisonner, pour réfléchir. Et comment toujours dès qu'il la voyait, il entrait dans ce rôle où par la force, par la menace, lui semblait-il, elle le poussait. Il se mettait à parler, à parler sans arrêt, de n'importe qui, de n'importe quoi, à se démener (...) vite, vite, vite sans s'arrêter, sans une minute à perdre, vite , vite pendant qu'il est encore temps de la contenir, pour l'amadouer. Parler, mais parler de quoi? De qui? De soi, mais de soi, des siens, de ses amis, de sa famille, de leurs histoires, de leurs désagréments, de leurs secrets, de tout ce qu'il valait mieux cacher, mais puisque ça pouvait l'intéresser, mais puisque cela pouvait la satisfaire, il n'y avait pas à hésiter, il fallait le lui dire, tout lui dire se dépouiller de tout, tout lui donner, tant qu'elle serait là, accroupie sur un coin du fauteuil, toute douce, touts plate, se tortillant.
Nathalie Sarraute - Tropismes- 1939
J'ai terminé Enfance hier soir. Des mois que ça traîne et déception: rien de passionnant, pas même un passage à extraire. Rien trouvé de ce qui m'avait toujours tant plu chez elle. A n'y rien comprendre. A tel point point que j'ai fini les dernières pages en diagonale, pour passer à autre chose. A n'y rien comprendre parce qu'Enfance est une oeuvre souvent citée quand on l'évoque, ya même des éditions commentées en poche.
Alors comme je n'aime pas rester sur ma faim, ce matin je me suis englouti au petit déjeuner Tropismes, son premier livre. Je viens de le finir, c'est très vite lu. Me voilà rassuré, j'ai retrouvé ce qui me fascine toujours autant, dont j'ai déjà parlé il y a quelques temps.
Tropismes, je l'ai longtemps cherché, je l'ai trouvé cet été à Bruxelles, dans les Galeries Saint-Hubert, récemment réédité aux Éditions de Minuit, dans une ces grandes librairies, où c'est toujours un bonheur de se perdre dans les recoins, le labyrinthe des allées, des escaliers... et qui s'appelle Tropismes justement. Il n'y a pas de hasard.
Il sentait qu'à tout prix il fallait la redresser, l'apaiser, mais que seul quelqu'un de doué d'une force surhumaine pourrait le faire, quelqu'un qui aurait le courage de rester en face d'elle, là, bien assis, bien calé dans un fauteuil, qui oserait la regarder calmement, bien en face, saisir son regard, ne pas se détourner de son tortillement. "Eh bien! Comment allez-vous donc?" il oserait cela. "Eh bien! Comment vous portez-vous?" il oserait le lui dire - et puis il attendrait. Qu'elle parle, qu'elle agisse, qu'elle se révèle, que cela sorte, que cela éclate enfin - il n'en aurait pas peur.
Mais lui n'aurait jamais la force de le faire. Aussi lui fallait-il contenir cela le plus longtemps possible, empêcher que cela ne sorte, que cela ne jaillisse d'elle, le comprimer en elle, à tout prix, n'importe comment.
Mais quoi donc? Qu'était-ce? Il avait peur, il allait s'affoler, il ne fallait pas perdre une minute pour raisonner, pour réfléchir. Et comment toujours dès qu'il la voyait, il entrait dans ce rôle où par la force, par la menace, lui semblait-il, elle le poussait. Il se mettait à parler, à parler sans arrêt, de n'importe qui, de n'importe quoi, à se démener (...) vite, vite, vite sans s'arrêter, sans une minute à perdre, vite , vite pendant qu'il est encore temps de la contenir, pour l'amadouer. Parler, mais parler de quoi? De qui? De soi, mais de soi, des siens, de ses amis, de sa famille, de leurs histoires, de leurs désagréments, de leurs secrets, de tout ce qu'il valait mieux cacher, mais puisque ça pouvait l'intéresser, mais puisque cela pouvait la satisfaire, il n'y avait pas à hésiter, il fallait le lui dire, tout lui dire se dépouiller de tout, tout lui donner, tant qu'elle serait là, accroupie sur un coin du fauteuil, toute douce, touts plate, se tortillant.
Nathalie Sarraute - Tropismes- 1939
J'ai terminé Enfance hier soir. Des mois que ça traîne et déception: rien de passionnant, pas même un passage à extraire. Rien trouvé de ce qui m'avait toujours tant plu chez elle. A n'y rien comprendre. A tel point point que j'ai fini les dernières pages en diagonale, pour passer à autre chose. A n'y rien comprendre parce qu'Enfance est une oeuvre souvent citée quand on l'évoque, ya même des éditions commentées en poche.
Alors comme je n'aime pas rester sur ma faim, ce matin je me suis englouti au petit déjeuner Tropismes, son premier livre. Je viens de le finir, c'est très vite lu. Me voilà rassuré, j'ai retrouvé ce qui me fascine toujours autant, dont j'ai déjà parlé il y a quelques temps.
Tropismes, je l'ai longtemps cherché, je l'ai trouvé cet été à Bruxelles, dans les Galeries Saint-Hubert, récemment réédité aux Éditions de Minuit, dans une ces grandes librairies, où c'est toujours un bonheur de se perdre dans les recoins, le labyrinthe des allées, des escaliers... et qui s'appelle Tropismes justement. Il n'y a pas de hasard.
samedi 8 novembre 2008
(Tout spécialement) pour ceux qui n'étaient pas là
La première fois que je l'ai vu sur scène, j'étais un peu devant à gauche du micro. J'en avais plein les yeux. Il avait commencé par Les Grands Voyageurs. Je vois et entends encore le bruit de ses bottes marteler le rythme du talon sur le plancher. Non loin de moi il y avait deux petits jeunôts; l'un d'eux avait dû se faire offrir l'intégrale pour Noël et qui criait Alaiiiiin, comme d'autres auraient crié Patriiiiick. Nous étions en 1994, c'était à La Médoquine. C'était l'automne, octobre ou novembre, je ne me souviens plus. C'est le premier concert que j'ai fait en solitaire: personne n'avait voulu m'accompagner, certains l'ont regretté.
La deuxième fois que je l'ai vu sur scène, j'étais toujours un peu sur la gauche mais nettement plus loin. J'avais pourtant pris mes dispositions pour arriver tôt, mais d'autres avaient fait mieux. C'était à la même période, l'automne aussi, la même salle. Je me souviens de l'entrée en scène, il avait commencé avec Tel, ça en imposait, un silence religieux, tout le monde retenait son souffle. A coté de moi une groupie passablement excitée s'est mise à crier à trois reprises: UN BISOU!! La première fois il a tourné la tête pour voir d'où cela venait, à la seconde reprise il a repéré le coin, à la troisième, la salle a poussé une "bronca", un soupir collectif agacé, lui a porté la main à ses lèvres, soufflé le bisou en question vers la jeune fille qu'on n'a pour le coup plus entendue, verte de honte, si ce n'est pour présenter des excuses à la fin. Elle avait un peu abusé de la bière et ne savait pas bien ce qui l'avait pris. Nous étions en 2002, ce fût le grand frisson, La Tournée Des Grands Espaces.
Cette fois ci c'est la troisième fois que je le vois à la même époque de l'année, toujours dans la même salle, comme si c'était un rendez-vous. Oui je suis là, comme pour venir rendre visite à un ami. Toujours sur la gauche mais j'ai cédé davantage de terrain, je suis au milieu de la salle près de la sono. Pris malgré moi dans un embouteillage qui n'en finit pas, quand je vois la queue sur le trottoir je me fais à l'idée que je ne serai pas au pied du micro. L'homme arrive, le pas lent, le dos voûté, dans un long manteau noir, des Ray Ban à la Blues Brothers et un borsalino vissé côté droit. Quelques mots très simples comme toujours, au programme, des chansons qu'on connaît déjà et des nouvelles, il nous souhaite un bon voyage. Ca commence assis sur un tabouret, par un morceau de Manset, Comme Un Lego. La mission est délicate, défendre le mal aimé Bleu Pétrole. Et voilà, sa présence, sa voix, il nous ferait avaler n'importe quoi. Il profite de la brèche pour en placer deux autres, Je T'ai Manqué, Hier A Sousse. Une bonne partie du disque y passe, dans le désordre, Vénus, Sur Un Trapèze, Je Tuerai La Pianiste. Tant De Nuits, ma préférée, n'a pas été jouée, dommage... Le geste est rare, la tension monte, un coup d'harmonica de temps à autres.
En deuxième position, toujours en embuscade, c'est Fantaisie Militaire et ses déflagrations qui prend la relève avec les toujours redoutables Mes Prisons, Samuel Hall, Fantaisie Militaire donc, La Nuit Je Mens, et Malaxe qui conclut le show. Osez Joséphine, Madame Rêve et Happe qui ressurgit où on ne l'attendait pas, pour cet album là. Deux titres tirés de Chatterton, J'Passe Pour Une Caravane et A Perte De Vue dont on était sans nouvelle depuis bien quinze ans. Mes Bras seul représentant de L'Imprudence, le silence que cette chanson impose accentue les moindres bruisements des instruments, les impasses/les grands espaces, la douceur d'un blindé/le remède à l'oubli. D'autres titres plus anciens, Volontaire, Légère Eclaircie et ses nuages menaçants, Vertige De L'Amour. Seul véritable inédit, une reprise, Everybody's Talking, Harry Nilsson, Macadam Cowboy (la chanson est de Fred Neil à l'origine, faudrait pas l'oublier non plus). Et un duo avec Chloé Mons, une chanson de son disque Calamity Jane.
Un seul rappel qui se conclut par Malaxe donc, quelques mots tout simples: j'aimerai vous présenter mes musiciens... merci à tous les techniciens et créateurs de cette tournée... et... merci à vous. Il part d'un pas de côté et disparaît d'où il était venu.
Merci à toi, mon gars.
Bashung, La Médoquine, 6 novembre 2008
La deuxième fois que je l'ai vu sur scène, j'étais toujours un peu sur la gauche mais nettement plus loin. J'avais pourtant pris mes dispositions pour arriver tôt, mais d'autres avaient fait mieux. C'était à la même période, l'automne aussi, la même salle. Je me souviens de l'entrée en scène, il avait commencé avec Tel, ça en imposait, un silence religieux, tout le monde retenait son souffle. A coté de moi une groupie passablement excitée s'est mise à crier à trois reprises: UN BISOU!! La première fois il a tourné la tête pour voir d'où cela venait, à la seconde reprise il a repéré le coin, à la troisième, la salle a poussé une "bronca", un soupir collectif agacé, lui a porté la main à ses lèvres, soufflé le bisou en question vers la jeune fille qu'on n'a pour le coup plus entendue, verte de honte, si ce n'est pour présenter des excuses à la fin. Elle avait un peu abusé de la bière et ne savait pas bien ce qui l'avait pris. Nous étions en 2002, ce fût le grand frisson, La Tournée Des Grands Espaces.
Cette fois ci c'est la troisième fois que je le vois à la même époque de l'année, toujours dans la même salle, comme si c'était un rendez-vous. Oui je suis là, comme pour venir rendre visite à un ami. Toujours sur la gauche mais j'ai cédé davantage de terrain, je suis au milieu de la salle près de la sono. Pris malgré moi dans un embouteillage qui n'en finit pas, quand je vois la queue sur le trottoir je me fais à l'idée que je ne serai pas au pied du micro. L'homme arrive, le pas lent, le dos voûté, dans un long manteau noir, des Ray Ban à la Blues Brothers et un borsalino vissé côté droit. Quelques mots très simples comme toujours, au programme, des chansons qu'on connaît déjà et des nouvelles, il nous souhaite un bon voyage. Ca commence assis sur un tabouret, par un morceau de Manset, Comme Un Lego. La mission est délicate, défendre le mal aimé Bleu Pétrole. Et voilà, sa présence, sa voix, il nous ferait avaler n'importe quoi. Il profite de la brèche pour en placer deux autres, Je T'ai Manqué, Hier A Sousse. Une bonne partie du disque y passe, dans le désordre, Vénus, Sur Un Trapèze, Je Tuerai La Pianiste. Tant De Nuits, ma préférée, n'a pas été jouée, dommage... Le geste est rare, la tension monte, un coup d'harmonica de temps à autres.
En deuxième position, toujours en embuscade, c'est Fantaisie Militaire et ses déflagrations qui prend la relève avec les toujours redoutables Mes Prisons, Samuel Hall, Fantaisie Militaire donc, La Nuit Je Mens, et Malaxe qui conclut le show. Osez Joséphine, Madame Rêve et Happe qui ressurgit où on ne l'attendait pas, pour cet album là. Deux titres tirés de Chatterton, J'Passe Pour Une Caravane et A Perte De Vue dont on était sans nouvelle depuis bien quinze ans. Mes Bras seul représentant de L'Imprudence, le silence que cette chanson impose accentue les moindres bruisements des instruments, les impasses/les grands espaces, la douceur d'un blindé/le remède à l'oubli. D'autres titres plus anciens, Volontaire, Légère Eclaircie et ses nuages menaçants, Vertige De L'Amour. Seul véritable inédit, une reprise, Everybody's Talking, Harry Nilsson, Macadam Cowboy (la chanson est de Fred Neil à l'origine, faudrait pas l'oublier non plus). Et un duo avec Chloé Mons, une chanson de son disque Calamity Jane.
Un seul rappel qui se conclut par Malaxe donc, quelques mots tout simples: j'aimerai vous présenter mes musiciens... merci à tous les techniciens et créateurs de cette tournée... et... merci à vous. Il part d'un pas de côté et disparaît d'où il était venu.
Merci à toi, mon gars.
Bashung, La Médoquine, 6 novembre 2008
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