Il y a quelques mois, j'écrivais ici tout le mal que je pensai de James Gray et de son précédent film, La Nuit Nous Appartient. Le billet avait été troussé dans le feu de l'action, sorti d'un trait. Et j'avais dit qu'on ne m'y reprendrait plus. J'ai une certaine affection pour ce billet, pardon pour cet accent de nombrilisme, non qu'il soit bien écrit, ni même passionnant, mais contre toute attente c'est par ce dernier qu'un tas de badauds atterrissent régulièrement chez moi. A croire que les mots "gros nichons" et "double menton" font recette sur Google. Lorsqu'il m'arrive de jeter un coup d'oeil sur les stats et de voir d'où viennent mes lecteurs adorés, j'en ai toujours un ou deux pris au piège. J'imagine leur déception lorsqu'ils découvrent l'imposture; c'est plutôt cocasse.
Alors comme j'étais assez fiers de la formule et qu'on ne change pas une équipe qui gagne, j'ai donc opté pour le même intitulé. James Gray non plus, ne change pas la formule, Double Menton (Joacquim Phoenix pour ceux qui n'auraient pas suivis) est de retour. Mais Gros Nichon (désolés les gars, pas de pignole) est au placard. Je n'avais pas prévu d'aller voir Two Lovers, mais diverses réactions ont piqué ma curiosité, certains allant même jusqu'à parler de son meilleur film... il n'en est jamais qu'à son quatrième.
Two Lovers est un mélo, ça change avec les histoires de mafia, tourné quasiment en huis clos principalement l'appartement où vit le héros, avec peu de scènes en extérieur. Le sentiment d'oppression est immédiat. Ce quadra revenu vivre chez ses parents suite à une rupture, bossant pour eux d'ailleurs, qui lutte contre un trouble bipolaire de l'humeur dont on comprend assez vite l'origine, le rouleau compresseur famillial. De quoi parle Two Lovers? De tout un tas de petites choses, des rapports avec une famille qui étouffe, de la vie, de celle qu'on attend de vous, de celle qu'on rêve, qu'on imagine, pour s'en extraire et se réaliser. Le personnage joué par Joacquim Phoenix, qui pour le coup est remarquable de sobriété, est pris en tenaille entre une jeune fille qu'on veut absolument lui mettre dans les bras, très accrochée à lui et dont il n'a que faire, et une autre, aussi barje que lui dont il tombe désespérément amoureux, mais qui n'est pas libre et le préfère comme ami.
Tout le noeud du problème est là. Non qu'il ne sache choisir, mais ce choix est fortement conditionné, comme dans tout bon drame, par nombre de facteurs extérieurs plus ou moins dépendants de lui. Comment ne pas se reconnaître dans ce personnage, entre nos rêves éveillés, et ceux toujours en veilles. Entre le chemin parcouru de ce qu'on a fait et de tout ce qu'on n'a pas encore eu le temps de faire. Entre ce qu'on est, ce qu'on aimerait être, et ce qu'on aurait voulu être. Two Lovers se place à la croisée de ces chemins. Two Lovers, par sa forme très épurée et très simple, par cette histoire bien ordinaire que tout un chacun a facilement pu connaître, m'a profondément bouleversé. Je suis sorti de la salle les yeux mouillés, j'avais froid, ces andouilles avaient coupé le chauffage pendant la projection, qui n'a fait qu'accentuer une envie de pisser folle. Je ne m'attendais pas à ça.
3 commentaires:
Moi j'ai pas trop aimé. Mais c'est bien joué et ça a le mérite de ne pas tomber dans les clichés habituels.
C'est clair que pour les gros nichons on repassera...
J'avais pas du tout aimé The Yards, alors pour moi James Gray est passé à la trappe. Et puis Joaquin Phoenix, bof bof. Celui-là c'est sans moi.
Les plages d'Agnès, c'est vachement bien... si tu as l'occas lors de ton futur passage.
Arty>
Oui poitrines plus discètes, sauf celle de Jaocquim Phoenix, quelle catastrophe, ça pendouille de tous les côtés.
Cre>
Varda c'est noté. J'avais beaucoup aimé Les Glaneurs. Ca passe à l'Utopia je présume, oui parce que c'est plus la peine d'aller chercher les horaires du Vigo.
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