Time Fades Away

lundi 22 juin 2009

Here Comes The Sun

Les Beatles, ça m'a toujours fait chier. Comme tout le monde je connais leur morceaux les plus célèbres, qu'on nous passait au collège pendant les cours d'anglais, c'est bien gentil, bien sympathique, mais je n'ai jamais trouvé urgence à écouter leurs disques. C'est quelque chose que je me réservais pour plus tard. Ne sachant pas bien par où prendre le problème, je me souviens du conseil suivant: avoir les compilations rouges et bleues et l'album blanc, pas difficile à retenir. J'ai essayé le fameux album blanc il y a une dizaine d'année. Je ne suis pas sûr être parvenu à écouter un des deux volumes en entier à la fois. Rien à faire, ne pas insister dans ces cas là. De toute façon, je suis Rolling Stone, voilà comment j'analysai la situation, croyant dur comme fer à ce clivage légendaire.


Touriste japonais pris en flagrant délit

J'ai découvert Abbey Road cette semaine. Quarante ans après tout le monde, quoi. Allez savoir pourquoi, j'ai mis la main sur un vinyle, la photo de la pochette, j'ai toujours aimé cette photo, des souvenirs de cette escapade à Londres il y a deux mois, où mes pas m'ont mené au passage clouté, moi à la différence de tous ceux qui étaient là et se faisaient photographier en traversant les bras ballants, qui n'avais jamais écouté le disque. Je savais vaguement qu'il y avait dessus Come Together, et c'est à peu près tout. Je dois avouer aujourd'hui ma surprise totale depuis que je l'ai découvert parce que ça ne ressemble absolument pas à ce que j'imaginais et il ne se passe pas un jour sans que je ne doive l'écouter.


Abbey Road, le carrefour.

La photo je disais. La coccinelle blanche à cheval sur le trottoir, en face, une voiture noire de police avec probablement un flic en civil, à moins que ce ne soit un simple badaud, qui les mains dans le dos, veille au bon déroulement de la traversée. Un groupe de personnes au niveau de l'entrée des studios qui regarde aussi ce qui se passe. Quatre types qui marchent avec la régularité du pas cadencé ou presque puisque seul celui qui va nu pied est en opposition de phase, à intervalle équidistant, le premier, le meneur, en costume blanc, les mains dans les poches. Les immeubles de brique rouge, les arbres sur le trottoir, le ciel dégagé. Ca sent un peu l'été.


Comment aurais-je pu penser trouver aussi entêtantes les chansons de Georges Harrisson, Something et Here Comes The Sun? Comment se fait-il que McCartney que j'ai toujours trouvé insupportable sur Yesterday ou Let It Be, pour ne citer que celles là, me touche à ce point avec You Never Give Me Your Money? Comment vous expliquer l'écoute de cette deuxième face, de ces chansons qui s'enchevêtrent, jouent à cache-cache, se répondent les unes aux autres? Comment vous dire, sans parler de Come Together, des titres comme Oh! Darling qui vous trottent toute la journée dans la tête, ou bien encore I Want You, dont je ne connaissais l'existence jusque là que par une reprise de Noir Désir, et qui me coupe le souffle à chaque fois.



Bien content de m'être trouvé un nouveau compagnon, pas certain de découvrir quelque chose d'aussi puissant dans le reste de leur oeuvre.

vendredi 5 juin 2009

On se moque du monde

La formation avait lieu dans un restaurant gastronomique non loin de chez moi. Pour une fois je sacrifiais un peu à mon temps, après une dure journée de labeur: j'avais répondu à l'invitation. "Avancez-vous, un apéritif vous attend sur la terrasse!". Génial! La vue est magnifique, l'étang, les nénuphars, les arbres autour, le bois en bordure. Vue vite gâchée hélas par quelques personnes que j'aurai préféré éviter. C'est la loterie. Si j'avais pu passer incognito! Mais l'invitation si alléchante avait suscité des convoitises.

Il aura fallu un bon quart d'heure et quand je dis bon quart d'heure c'est pas façon de parler, je suis bel et bien resté un bon quart d'heure, avant qu'une serveuse ne s'avance avec un plateau, offrir des rafraîchissements à un groupe de retardataires, sans toutefois venir jusqu'à moi. J'étais un peu à l'écart certes. Une dizaine de minute plus tard, une autre faisait circuler un plateau avec quelque amuse-bouche. Un par personne. Puis on vint m'offrir une flûte de champagne. Mais on annonçait en parallèle de s'avancer, que ça allait commencer.
Dans la salle de restaurant où nous prenions place pour la conférence, on pouvait voir juste à côté de belles tables dressées, nappes blanches sans un pli de travers. Comme les places du fond étaient prises d'assaut, c'est au premier rang, dernier choix qu'il reste aux cancres, que je m'installe.

Je vous passe les détails du contenu, présenté par un Droopy, survolant son diaporama, visiblement peu à l'aise pour prendre la parole en public, ne mettant aucun enthousiasme, ni de chaleur aucune dans son propos, ce qui a pour conséquence un décrochage de l'auditoire dans les cinq minutes. Au bout d'un moment, et c'est inévitable, ce sont les premiers bâillements qui s'expriment, on ne peut plus les réprimer. Impossible de se concentrer, on frôle l'hypoglycémie. Il faut avoir à l'esprit que le cerveau pour fonctionner est gros consommateur de sucre. On entend mieux le ventre plein! Tout ça dure une heure trente. On commence à gamberger, se demander ce qu'on va bien pouvoir se raconter à table, tout cela sent le piège qui se referme. On se fait du mauvais sang.

Puis coup de théâtre. Un groupe vient s'installer aux tables voisines, et on comprend d'un coup qu'elles ne nous étaient pas destinées. On épluche alors les autres éventualités, et le contenu du discours passe définitivement à l'arrière plan. L'intervenant met enfin un terme à son soliloque. On nous annonce un buffet qui va nous être dressé. On se moque du monde. Un petit jeune qui cherche le contact s'approche de moi, nous commençons à échanger quelques impressions et quelques sarcasmes. On se moque du monde. Et lorsqu'il me fait remarquer que le champagne a disparu au profit d'un vin rouge quelconque, c'en est trop. Décidément, on se moque du monde. Je tourne les talons, file à l'anglaise, avant même l'arrivée du buffet.
Je ne m'en suis pas si mal sorti finalement.