Time Fades Away

dimanche 27 décembre 2009

Is The Actor Happy?

Je ne l'ai appris que ce matin. La nouvelle me bouleverse bien évidemment. Ce sera le troisième billet que je consacre à Vic Chesnutt qui a choisi d'en finir et s'est éteint le jour de Noël. On parle d'absorption massive de médicaments, sur fond de dettes cumulées pour soins et opérations diverses, les huissiers courant après 50 000$. Vic Chesnutt a publié deux albums ces dernières semaines. At The Cut, deuxième épisode de sa collaboration avec le label Constellation, figure en bonne place dans le palmarès de fin d'année. Je le préfère à North Star Deserter, même si ce dernier est très bon. A croire que ce n'est dans le registre du tragique qu'on ne pouvait que l'entendre. L'an dernier un disque plus léger, Dark Developements, enregistré avec Elf Power n'avait pas réussi à capter autant mon attention.

Vic Chesnutt a multiplié les collaborations. La dernière en date était avec Jonathan Richman, Skitter On Take-Off un disque nu et dépouillé comme lui seul pouvait les livrer. Comme un mauvais pressentiment, ce disque se conclut par une relecture poigante et calcinée de Sewing Machine, un titre vieux de quinze ans, qu'on trouvait sur Nine High A Pallet, le premier album de Brute, projet parallèle avec les membre de Widespread Panic. Curieux de voir comme ce morceau nerveux et électrique, sorte de clef de voûte du disque, est réadapté quinze ans plus tard, comme un bout de bois calciné. Une façon de revenir sur son âge d'or du milieu des années quatre vingt dix, de revisiter le passé, de boucler les choses. Une chanson qui parle notamment de sa mère, de sa grand-mère, et des joies insouciantes de l'enfance. C'est aussi ce même thème du paradis perdu de l'enfance qu'il évoque avec Granny, morceau qui conclut At The Cut.

L'histoire veut que ce soit par Is The Actor Happy? que je fasse connaissance avec le bonhomme. Nous étions en avril 1995, beaucoup de bons disques ont vu le jour à cette période là: le second Tindesticks, Wowee Zowee de Pavement, le premier Miossec, le premier album de Drugstore pour ne citer que ceux là. Son nom était souvent revenu dans les colonnes des critiques d'album, pour Drunk notamment, paru un an auparavant. La petite histoire veut qu'à partir d'un tableau de Kurt Wagner, The Doubting Woman, Vic Chesnutt ait fait une chanson. Kurt Wagner et son groupe Lambchop venaient de publier leur premier album Jack's Tulip fin 1994. Il faisait sérieusement concurrence au premier Tindersticks. Ce petit monde se tournait autour, se renvoyait la balle, menait le même combat, j'aimais ça. Protégé, un peu trop peut être, par la notoriété de Michael Stipe qui avait produit les deux premiers albums, Little et West Of Rome, j'ai donc attendu le quatrième album avant d'entrer dans l'univers inquiétant de cet homme cloué dans un fauteuil roulant, qui avait un sérieux penchant pour la bouteille et autres artifices.

J'ai passé nombre d'après-midis avec Is The Actor Happy? Bien entouré la nuit, voguant de soirées en soirées sans qu'aucune d'elles ne me laisse de souvenir précis, seul avec mon mal être qu'il fallait dissimuler le jour, cet album tombait à pic. J'ai toujours beaucoup de mal à ne pas avoir de pincement au coeur dès les premières notes de Sad Peter Pan. Le douloureux pincement des cordes de nylon de la guitare me serre toujours le coeur. Tout comme en bout de course, il m'est impossible de ne pas avoir le souffle coupé après les dernières mesures de cordes de Guilty By Association qui conclut le disque. Il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour remonter le cours des choses et trouver le reste de sa discographie. Si Drunk (avril 1994) opus précédent faisait aussi complètement l'affaire, le suivant (septembre 1995), Nine High A Pallet, publié sous le nom de Brute, est l'inespérée suite de Is The Actor Happy? Inspiration prolifique, grace, beauté, limpidité des chansons, je le réecoute ce soir et le redécouvre avec le même étonnement, le même enchantement qu'il y a quinze ans.

Il y eut par la suite des albums inégaux qu'il faudra bien que je prenne le temps de réevaluer. About To Choke qui avait tout d'un grand cru et qui ne tient qu'à moitié ses promesses, un disque en collaboration avec Lambchop, The Salesman And Bernadette, beaucoup moins réussi que lorsqu'il rendra la pareille à Lambchop sur What Another Man Spills. Depuis dois-je l'avouer c'est vers Lambchop que je me suis tourné, délaissant Vic Chesnutt tout le long des années 2000, jusqu'à North Star Deserter en 2007.

Voilà. Je voulais juste parler de cet homme avec lequel j'avais renoué depuis trois ans. Essayer de vous dire qui il était et ce qu'il représente pour moi.L'aide et le soutien qu'il a été à un moment délicat. Je ne pourrais jamais lui rendre ce qu'il a fait pour moi sans le savoir. Que cette histoire est bien tragique.
Un peu de musique. Un extrait de cet album, joué live à NPA, à la grande époque, Strange Language.

mercredi 16 décembre 2009

Le Guide Du Snobinard 2009

Ca fait deux bonnes semaines que je reporte la rédaction du billet, dont le contenu est prêt depuis fin novembre. C'est la parution du bilan de fin d'année des Inrocks qui me pousse à accélerer les choses.
Cette année, ce sera la liste et rien de plus, pas d'illustrations ni de commentaires pour accompagner le classement, pas le temps hélas. Pour me faire pardonner cher lecteurs, si vous me laissez vos coordonnées par mail, je vous enverrai par courrier une petite compil, ça en revanche c'est prêt.

Voici donc ce que j'ai laissé en jachère il y a deux semaines...


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A l'heure où écouter un album dans son ensemble ne passionne plus grand monde, à l'heure où les rayons de cd se vident, à l'heure où tout le monde (et personne finalement) fait de la musique et la diffuse en quelques clics, difficile d'y voir clair entre le circuit de diffusion que nous avons connu de toujours et qui s'essouffle, et l'immensité des possibilités de la toile. Sur une cinquantaine d'albums écoutés (seulement), en voici 20 qu'on peut sauver du désastre.


1 The XX - The XX

2 Sophie Hunger - Monday's Ghost

3 Animal Collective - Merriweather Post Pavillion

4 Grizzly Bear - Vekatimest

5 Sonic Youth - The Eternal

6 The Dodos - Time To Die

7 Vic Chesnutt - At The Cut

8 Girls - Album

9 A Place To Bury Stranger - Exploding Head

10 Eagles Of Death Metal - Heart On

11 The Horrors - Primary Colors

12 Dominique A - La Musique/La Matière

13 Hope Sandoval And The Warm Inventions - Through The Devil Softly

14 Elysian Fields - The Afterlife

15 Pete Yorn & Scarlett Johansson - Break Up

16 Elbow - The Seldom Seen KId

17 M Ward - Hold Time

18 Great Lake Swimmers - Lost Channels

19 Be My Weapon - March/2009

20 The Flaming Lips - Embryonic

lundi 7 décembre 2009

Appel au peuple

Cherche désespérément le 5ème morceaux du Calendrier de l'Avent 2009. M'apprendra à pas lire mon courrier plus régulièrement!! D'avance merci.

dimanche 22 novembre 2009

De La Fossette à La Musique/La Matière


Il ne se passe pas grand chose par ici. Alors quand une de nos vieilles idoles vient à y fouler le sol, on va lui rendre visite, il va de soi. Ce n'est pas la première fois que je vais voir Dominique A, loin de là. La dernière fois c'était à Barbey en mai 2006 avec un certain Monsieur Cre, je n'ai manqué qu'une seule tournée, celle du live de 2007. Nous avions failli nous séparer à l'époque, chacun son chemin. Nous avions fait un bout de route ensemble et paradoxalement L'Horizon semblait être le terminus. Or début avril, bonne surprise, un double album La Musique/La Matière a mis de côté ces réserves.


Il est 22h05 quand il monte sur scène accompagné de trois musiciens: batteur, claviers et guitariste/claviers. Ça commence par Le Sens, comme sur le disque. Au programme la majorité de La Musique, la moitié seulement de La Matière, quelques nouveaux titres (Gisor et Manset) du Kick Peplum EP, des titres plus anciens venant principalement d'Auguri (En Secret, Le Commerce De L'Eau), Tout Sera Comme Avant (Revenir Au Monde), La Mémoire Neuve (Le Métier De Faussaire), remontant jusqu'à La Fossette.

Je suis au second rang, assis, puisque la salle le veut ainsi, au pied du micro comme d'habitude. La tourmente, le mauvais sommeil des jours précédents, la fatigue accumulée, ma vision se brouille, je me sens bizarrement léger, comme dans un état second, dans un halo de brume, doux et cotonneux. Le concert prend, la salle réagit chaleureusement. Le groupe va à l'essentiel, jour serré, précis, le set est nerveux, tendu, les mains moulinent comme si la guitare faisait remonter l'électricité.

Puis il y eut ce morceau, Sous La Neige, que des synthés, des boucles, le texte: "Nous marchons sous la neige/ En nous tenant le bras..." ressuscité, tel qu'on pouvait l'entendre sur La Fossette et qui m'a renvoyé dix sept ans en arrière. Je me suis revu assis sur le lit, dans ce studio sombre au quatrième étage, sous les toits, plein nord avec vis à vis, le soleil n'y entrait jamais. Je me suis revu adossé au mur couvert de toile de jute ocre un peu passée, le lit dans un coin, moi assis dessus et comme avec la tête qui tourne, le bureau, une planche deux tréteaux, la kitchenette sur la droite, le jonc sale dans l'entrée mais à qui cette couleur ocre donnait un semblant de chaleur et rendait la pièce presque acceuillante, la salle de bain, une cabine en plastique à laquelle on accédait par une marche trop haute, tout droit sortie de 2001 l'Odysée De l'Espace.

Mais plus que l'appart, c'est de la vie que je menais à l'époque, les amis que je côtoyais certes, mais aussi les moments plus sombres de solitude, des disque qui m'ont sauvé la mise, et de la radio par laquelle je les découvrais dont je me souviens. De Bernard Lenoir que j'écoutais tous les soirs, de cette émission en janvier 92 il me semble, avec Arnaud Viviant qui nous avait présenté ce jeune artiste qui avait bidouillé un disque, tout seul, chez lui, la voix de Barbara avec un vieux Casio et le robinet d'eau froide pour un peu d'ambiance. Ce soir là deux titres de La Fossette furent été diffusés, Va T'en et Le Courage Des Oiseaux, et ce fût le début de l'histoire.


La salle a fini debout, le groupe à genou. Ils sont revenus une troisième fois alors que les lumières étaient rallumées et que les premiers prenaient le chemin de la sortie, pour improviser Antonia, un accord gratté nerveusement ad libitum, jusqu'à l'épuisement, se demandant s'ils pourraient offrir une telle prestation le lendemain à Toulouse.

dimanche 15 novembre 2009

Interlude - L'Océan Atlantique





Si ça continue à ce rythme il n'y aura probablement pas de billet en novembre.
Quelques images pour vous faire patienter. Quelques images de l'Océan un peu avant que le froid n'arrive, c'était il y a deux semaines.

vendredi 30 octobre 2009

The XX

L'album de The XX est bien. Et même très bien. D'autres en auront déjà mieux parlé avant. C'est l'une des révélations de l'anné. Un disque à la douce et délicate mélancolie, des morceaux qui se suivent dans un fragile équilibre. Un moment agréable, qu'il ne faudrait pas vite résumer au buzz du moment.

lundi 26 octobre 2009

L'heure des comptes

Hier soir, sur un parking désert, après la 40ième Foire du Disque à Bordeaux-Lac.

FM: Tiens, je te donne ces deux-là, je les ai en double.
SM: Oh merci, c'est gentil!
FM: Alors ça donne quoi?
SM: Tu sais, moi, c'est par quarante. Si j'en ai rammène pas quarante, ça va pas (sourire). Ca se recompte d'ailleurs: 1, 2, 3, 4.... 10... 23... 31.... 36, 37, 38. Mince (désolé).
FM: Mais non: 38+2=40!!
SM+FM: Arf, arf, arf (rires idiots)!!!

mercredi 14 octobre 2009

At The Cut - Vic Chesnutt



Les choses commencent là où on les avait laissées. Je m'en souviens comme si c'était hier. Comment oublier d'ailleurs. C'était vers la fin du concert. Il a baragouiné deux trois choses parlant de lâche ou de lâcheté. Et je sens encore au fur et à mesure que la chanson se déroulait, la salle vibrer. La guitare, le violoncelle, et la batterie qui martèle, comme une procession, comme les derniers instants avant l'exécution d'un condamné. Je revois encore deux rangs devant moi cette jeune femme blonde, tétanisée, balancer sa tête, mais aussi le reste de son corps secoué de spasmes, la musique lui passait par tous les pores. Elle ne pouvait pas retenir ses gestes. Nous étions assis ce soir là, scotchés; lui aussi était assis, dans son fauteuil roulant.
J'ai déjà raconté cette histoire ici. Il se trouve que cette chanson, Coward, encore inédite ce soir là, ouvre At The Cut, le nouvel album de Vic Chesnutt. Deuxième épisode de sa collaboration avec la nébuleuse du label Constellation, cet album n'est pas exactement un North Star Deserter volume 2, comme le laisserait penser le morceau d'ouverture. Le reste de l'album même s'il est moins démonstratif et joue moins sur les contrastes, est une pure merveille. Ça se termine par un dialogue touchant avec sa grand-mère, dans la cuisine, questions réponses d'un enfant à un adulte, scène de la vie quotidienne, pleine de pudeur et de tendresse.
At The Cut est l'un des meilleurs disques du moment. Peut être un des plus beaux albums de Vic Chesnutt. Il faudra un jour que je vous parle de Is The Actor Happy?

dimanche 11 octobre 2009

I am the waterboy

"I am the Water Boy/ The real game's not over here", une petite phrase extraite d'une des plus poignantes chansons de Berlin de Lou Reed: The Kids.



Je suis tombé tout à l'heure sur les trois premiers albums des Waterboys. Ils me tendaient les bras, ils étaient là sous une bâche, juste de quoi les protéger de la pluie. Moi aussi j'ai fait le waterboy aujourd'hui. Nombre de gens qui ont dû la fouiller, cette pile de disques, qui n'en était pas à son premier déballage apparemment, mais les Waterboys ne semblaient intéresser personne.

A vrai dire, je les connaissais pas ces albums. La seule chose dont je me rappelle encore aujourd'hui, c'est la stupeur, le malaise et fatalement, le rejet lorsque j'ai découvert A Girl Called Johnny à Platine 45 ou un truc de ce genre, j'avais treize ans tout juste. Je ne pouvais pas comprendre cette musique à l'époque, elle en me parlait pas.
Après un décrassage sérieux, j'ai pu jouer les disques. Je dois vous avouer combien reste entêtante cette chanson, le piano et sa phrase obsédante, répétitive, la batterie qui martèle, le saxophone au bord du chavirement et combien le premier album The Waterboys est un petit bijoux.

dimanche 4 octobre 2009

Time To Die - Dodos

Des confettis qui jonchent le sol, le spectacle toujours un peu étrange d'arriver une fois la fête finie. Le décallage est parfois saisissant, comme quand il m'arrivait de courir le long des berges de l'Adour au milieu des tentes en camping sauvage en pleine féria de Dax, le matin. L'impression d'arriver juste après une explosion ou une catastrophe nucléaire, au beau milieu de ces toiles multicolores, où pas un centimètre carré de libre ne reste, dont on se demande si quelqu'un respire encore dedans. Quelque fois c'est un pied ou un bras endormi qui dépasse. Ou bien un malheureux, recroquevillé, la tête entre les mains, trop lourde de la soirée passée, à moins qu'il n'ait déjà vomi tripes et boyaux. Drôle de spectacle quelque fois un lendemain de fête, et vous, frais et pimpant, vous frayant un passage au milieu...



Time To Die, le troisième album des Dodos est le disque idéal pour accompagner les journées ensoleillées de cette arrière saison qui joue les prolongations. Trois petits jeunes de San Francisco qui n'en veulent. Quelque chose de frais et léger au premier abord, mais qui se révèle plus complexe qu'il n'y paraît. Ils ont fait un bond énorme dans l'écriture depuis Visiter, et ça donne des chansons qui en cachent deux voire parfois trois dans la même. Et tout ça avec pas grand chose: une guitare au picking savamment travaillé, une batterie avec des tambourins collés au basques, des marimbas (il s'agit d'un vibraphone en fait...), et la fraîcheur et l'énergie de leur jeunesse.

dimanche 13 septembre 2009

Tim Buckley Live at the Folklore Center, NYC - March 6, 1967


"Are you ready?"

Quelques secondes, le temps de caler la bande sur le magnéto, et c'est parti. Décollage immédiat, pas le temps d'attacher les ceintures, collé au fauteuil, départ en trombe, prise de risques maximum. On est de suite ailleurs. Tim Buckley joue avec toute l'énergie et la fougue de ses vingts ans, seul à la guitare. Le jeu est rapide, nerveux, serré, précis. Lorsqu'il accepte de se produire au Folklore Center, il vient de publier son premier album quelques mois plutôt (décembre 1966). Il faut s'imaginer ça comme un show case, en gros c'est comme s'il se produisait dans une bibliothèque municipale, la photo de la pochette l'illustre bien . Pourtant l'homme ne s'économise pas, et interprète avec fièvre des chansons dont la majorité sont inconnues de son auditoire. Sur seize, quatre sont issues du premier album, quatre autres figureront sur son second Goodbye And Hello qui sera publié au mois d'août 1967, Dolphins de Fred Neil qu'il inscrit déjà à son répertoire, et six véritables inédits qui sont le principal attrait du disque.
La technologie moderne a redonné une nouvelle jeunesse à cet enregistrement, mais il faudra tout de même procéder à de menus ajustements sur son amplificateur, atténuer les aigus un peu aigrelets à mon goût, accentuer les basses pour donner un peu plus de chaleur et de boisé à l'ensemble. La technologie moderne n'efface pas hélas la quinte de toux qui vient perturber un des inédits Cripples Cry, et indispose momentanément l'auditeur, comme si on assistait à la scène...
L'enregistrement se termine sur des applaudissements shuntés et non sur une longue salve, méritée à mon humble avis parce que la prestation est prenante, ce qui peut laisser penser qu'un ou plusieurs morceaux supplémentaires ont été joués mais qu'il n'y avait peut être plus assez de bande pour les immortaliser.



Si on veut goûter des sensations plus extrêmes encore, c'est sur Dream Letter Live In London 1968, double album exhumé en 1990, qu'il faut se pencher. Enregistré quelques semaines après la sortie du troisième album Happy Sad, Tim Buckley se livre à un exercice de haute voltige qui coupe le souffle les deux heures de temps du concert.

Les bandes du Live At The Folklore Center n'ont pas bénéficié, faute de moyens, de la remastérisation à laquelle les Beatles ont eu droit, les enjeux économiques n'étant pas les mêmes à n'en pas douter. Elles ont néanmoins l'avantage d'être un témoignage brûlant d'un instant hors du temps. Elles offrent aussi six véritables inédits, sur seize titres... pas négligeable. L'objet se présente sous forme d'un simple digipack avec petit livret et entretien avec l'artiste au moment de sa venue, pour un somme bien plus abordable que ces honteux coffrets de recyclage, vendus au prix de l'or, déclinés en stéréo pour les nigauds ou mono comme attrape-gogo...

lundi 31 août 2009

Deuxième chance - Bis

"Tout l'intérêt de pleurer consistait à cesser de pleurer avant d'avoir trop réfléchi. Tout l'intérêt du chagrin en soi consistait à le supprimer pendant qu'il était encore honnête et sincère, pendant qu'il avait encore un sens. Parce que tout se corrompt si facilement! Laissez-vous aller et vous commencerez à embellir vos propres sanglots, ou bien vous vous mettrez à raconter l'histoire des Wheeler, avec un sourire triste, sentimental(...)"

Richard Yates - La Fenêtre Panoramique - 1961

L'histoire des Wheeler? Un couple qui peine à se parler. Franck qui passe ses journées au bureau à déplacer ou entasser des piles de dossiers en attendant l'heure de la sortie. April qui ne supporte plus le quotidien médiocre, et propose à son mari une deuxième chance: repartir à zéro, tout plaquer et refaire leur vie en Europe, avant de se laisser complètement abrutir et submerger dans cette impitoyable routine qu'ils ont pourtant toujours combattu.
Ca commençait fort mais beaucoup de questions pertinentes restent en suspens. D'autres possibilités auraient pu être envisagées, mais le roman se focalise sur le drame, et finit par ne rester qu'une triste histoire: celle d'un couple qui ne survit pas à ses idéaux.

Deuxième chance

Edition Super Jewel Box, 1 titre bonus. Parution originale le 17/03/2008.
Voilà ce que j'ai renseigné dans ma base de données. Mais qu'écoutais-je à cette époque là il y a environs dix huit mois. Je me souviens chercher en vain quelque chose qui me satisfasse. A cette date sortait aussi Alopecia de Why? vers lequel je me suis dirigé en léger différé. Ce n'est qu'à l'occasion de sa nouvelle publication, sorte de deuxième chance, et accessoirement de sa sortie française le 6 avril dernier, soit plus d'un an après sa parution originale anglaise, que j'ai enfin découvert The Seldom Seen Kid et Elbow, groupe dont j'ai toujours lu les éloges et pour lequel j'ai attendu le cinquième album avant de leur accorder la moindre attention.
Et c'est un très beau disque.

mercredi 26 août 2009

Court-métrage



Ouais... Ouais... Pas mal les vacances...

mercredi 19 août 2009

Cher Léonard Cohen

Je voulais juste vous demander de bien vouloir m'excuser, que je ne serai pas là demain. J'avais pourtant très envie de vous rencontrer. Dès que j'ai su que vous veniez en France cet été j'ai tout fait pour me libérer une période pour venir vous voir. Si j'ai laissé passer les dates de juillet pourtant géographiquement plus proches, il y avait Nantes et Toulouse, je pensais pouvoir venir à Nîmes, ville que je découvrirais pour le coup. Vos chansons qui caresseraient les pierres des Arènes, le programme me séduisait assez.

Mais voilà, s'il reste des places encore disponibles, parce que... le prix des billets... Oh quel insolent je fais, pas de ça entre nous... Impossible de trouver à se loger dans la région. La faute à eux. Longtemps resté coupé du monde faute d'internet, je n'ai pu organiser mon séjour à temps. Je le voyais comme suit: j'aurais passé la journée dans le train, avec un bouquin, un peu de musique et un petit somme de temps à autre. J'aurais quitté la gare, posé rapidement mes affaires à l'hôtel, pris quelques photos sous le soleil du Gard, puis après avoir arpenté la ville, je serais venu vous retrouver d'un pas tranquille. Je serais peut être resté un ou deux jour de plus.

Je renonce donc à me taper 6 heures d'autoroute sous un soleil de plomb, pour arriver lessivé dans je ne sais quel village alentour, si jamais il restait encore de la place, gagner les Arènes à la hâte, où si ça se trouve je me retrouverai au dernier rang, pour peu qu'il vous prenne l'envie saloper le spectacle... mais vous ne l'auriez pas fait, pas vous... et refaire le chemin à l'envers le lendemain.


Je voulais vous dire que j'ai été envahi par la beauté de votre dernier enregistrement public Live In London, un des plus beaux disques de ce printemps. Que je me revois chez Sister Ray à Berwick Street, fasciné par la photo de la pochette, surpris de voir ce disque qui venait de sortir alors que je ne savais pas. Je ne me suis décidé à le prendre que quelques jours plus tard en duty free, juste avant de rentrer.

Je voulais vous dire que votre voix m'apaise. Que vous avez toujours cette singulière majesté et ce charme dévastateur. Que vos chansons m'ont suivi depuis bientôt vingt ans. Que malheureusement, je ne pourrai les avoir susurrées à mon oreille qu'ici avec mes enceintes. Que je suis terriblement navré de ce rendez-vous manqué. Que je vous aime, Beautiful Loser.

mercredi 12 août 2009

Neil Young Archives Vol.1 1963-1972


L'objet est beau. On dirait une cartouche de cigarettes. On a peur de l'abîmer pour l'ouvrir, mais il s'ouvre bien en deux, et on découvre alors deux compartiments. Huit disques... Il va y en avoir des choses à écouter! Ça fait bien trois semaines que je l'ai, ce coffret, il m'impressionnait tellement que je l'ai laissé tel quel, sous cellophane, je ne m'y suis penché que ce week end. Longtemps promis, maintes fois repoussé, le premier volume des archives de Neil Young, couvrant la période 1963-1972, vient de paraître.


Il y eut déjà plusieurs avant goûts, avec fin 2006 la publication du Live At The Fillmore East 1970 avec Crazy Horse et quelques mois plus tard en mars 2007, celle du Live At Massey Hall 1971, qu'il faut absolument avoir, seul sur scène, soit à la guitare soit au piano, un concentré de ses meilleures chansons, probablement les plus belles. Le coffret a mis trois ans de plus pour voir le jour.


Pour quel résultat? 116 titres au total, mais une quarantaine véritables inédits, c'est un peu léger à mon goût. On y retrouve certes les deux précédents concerts cités, mais allez comprendre, nulle trace du Live At The Canterburry House 1968 publié en décembre dernier. On trouve à la place, et sans perdre au change, un enregistrement de l'année suivante, Live At the Riverboat 1969, qui est pour le moment, le principal attrait du coffret. Car pour le reste... Car pour le reste, et il me reste encore les volumes 6 et 8 à découvrir, il est assez agaçant de retrouver des pans entiers des albums originaux, qu'on a déjà, pour commencer, et qu'on connaît dans leurs moindres recoins. J'ai vraiment peine à croire qu'on n'a réussi à trouver qu'une petite quarantaine de véritables inédits, quand ce n'est pas des alternates takes. Le livret qui accompagne ne donne que le minimum syndical d'informations, pas la peine d'espérer passer des heures à s'y plonger dedans, ça tombe bien, j'ai pas le temps. Il a toutefois l'honnêteté de garantir la provenance, notamment lorsqu'il s'agit de versions déjà publiées.


Pour ceux qui hésiteraient avec la version DVD du coffret, qui pour justifier son prix sans doute, inclus aussi ce coffret de 8 CD, je leur rappellerais la chose suivante. Les premières éditions du Live At Fillmore East et du Live At Massey Hall étaient déjà enrichies de DVD hautement dispensables. Je trouve absolument scandaleux et honteux ce genre de procédé, qui consiste à filmer des photos d'archive et à donner l'illusion grossière du mouvement à coup de zoom avant et arrière. Je réfléchirais à deux fois dans le cas où tous les autres DVD de la série feraient appel à cette technique.

En conclusion. Quelques perles et de vrais joyaux qui valent le détour, c'est indiscutable. Se le procurer direct des States à un prix abordable. Sinon se replonger sans modération dans sa très dense discographie officielle.

lundi 10 août 2009

Who Can Say

Si elles étaient bien les vacances? Who Can Say? Je n'en sais rien. Le printemps s'est enfui sans que je ne m'en rende compte, il se passe la même chose avec l'été. Je suis blanquignous comme je l'ai jamais été à cette époque. Même pas eu l'occase de sortir le transat, même pas une sieste sous le châtaigner. J'ai les yeux cernés, je suis fatigué. Triste mine, triste sire. Pas de concert, ni de festival à ce jour. Pas de disques achetés non plus, pas de nouveautés, et j'ai fait une pause dans ma quête aux vinyles. Les cartons se déballent de temps à autre, les pièces prennent un nouvel habillage et montrent un nouveau visage.
J'ai l'impression d'avoir laissé filer l'été, d'être passé à côté des longues journées ensoleillées. Le soir tombe plus tôt à présent. Je vous dirai dans trois jours à quoi ressemblent les vacances au mois d'août, chose nouvelle pour moi.

Eu le temps d'oublier mes disques, d'en écouter quelques uns, dans la bagnole principalement. Aimerai vous parler plus longuement de The Horrors, des sensations que ce disque procure au volant, le pied gauche battant la mesure, le droits ne pouvant se lever de l'accélérateur, et voir ainsi défiler le paysage en cadence. Mais, il se fait tard, et je suis fatigué, alors silence, laissons les vous dire...

samedi 11 juillet 2009

Spécial jeux!!

Pour vous faire patienter, je vous propose le jeu des sept erreurs...



C'est la formule inversée: disons qu'à chaque fois il y a sept éléments qui sont encore présents... Amusez-vous bien!!




Bonne plage et bonnes vacances...

jeudi 2 juillet 2009

Ce qui ne l'était pas

Il faut que je vous parle... Je pouvais pas vous en parler avant... Avant que ça soit fait.
Alors que je me trouvais au téléphone, à faire le tour du net comme je le fais entre midi et deux, me voilà contraint de raccrocher en catastrophe et de voir débarquer tout un tas de personnes, la plupart inconnues, qui étaient là pour ficeler le paquet et signer la vente: mandataires, notaires, banquiers, comptables, nouveaux acquéreurs et employeur démissionnaire. Le secret si bien gardé ne tenait plus, il fallait bien que je me trouve là où il fallait pas. En une heure tout au plus, nous voilà vendus, avec le mobilier et le stock.
Un mois plus tôt le discours n'était pas le même. C'est les larmes aux yeux qu'on me suppliait de ne pas m'en aller. Qu'on n'avait pas assez de qualificatifs pour reconnaître ma valeur, qu'on me donnerait monts et merveilles à l'avenir. On trouverait bien une façon d'associer nos talents. Toujours se méfier des compliments, surtout de la part de quelqu'un qui n'en fait jamais et ne jamais compter sur des promesses. Un mois plus tard, les choses n'étaient plus les mêmes, me voilà écarté, sans état d'âme aucun, de la possibilité de gravir un dernier échelon.
Sortie de piste sans panache, prend l'oseille et tire-toi. On l'a eu à l'usure finalement...

Ce qui était prévisible

Depuis un peu plus de deux mois les choses tournent au ralenti ici. S'il est des périodes où rien ne se passe, où les jour se succèdent les uns aux autres identiques, depuis quelques semaines, le cours pépère des choses en a pris un coup.

Tout d'abord, il y a eu ce qui était prévu, ou sinon logique. Arrivait l'aboutissement de ces nombreux mois d'hésitation, de réflection. Cette décision de vivre à deux en impliquait une autre, repoussée, elle, de nombreuses années. Rendre publique la chose, l'annoncer au cercle proche. Il fallait que ça sorte de la façon la plus naturelle et le ton le plus rassurant qu'il soit. Que les mots biens choisis viennent sans une hésitation, le regard droit si possible, le sourire vendeur. Même si à ce jour les présentations n'ont toujours pas été faites, l'accueil est plutôt favorable, à mon grand soulagement.

Il y aura seize cartons de CD, six caisses de vinyles, et deux de quarante cinq tours à remuer dans les jours qui viennent, je ne vous parle pas des différentes paires d'enceintes colonnes ou bibliothèques, et du reste de la hifi. L'appartement se vide progressivement, et retrouve l'espace qu'il avait lorsque je l'ai pris il y a neuf ans tout juste. D'ici une dizaine de jours, il n'y aura plus le téléphone et comme, je ne sais pas pourquoi, je le sens mal le transfert de la ligne, car je pense que le technicien n'aura avec lui ni pelle ni pioche pour me raccorder au réseau, ce qui allongera le délai, c'est inévitable, je m'apprête à passer quelques semaines sans internet.

Il va donc falloir, chers lecteurs, vous attendre au prolongement de cette activité réduite pour quelques semaines encore.

lundi 22 juin 2009

Here Comes The Sun

Les Beatles, ça m'a toujours fait chier. Comme tout le monde je connais leur morceaux les plus célèbres, qu'on nous passait au collège pendant les cours d'anglais, c'est bien gentil, bien sympathique, mais je n'ai jamais trouvé urgence à écouter leurs disques. C'est quelque chose que je me réservais pour plus tard. Ne sachant pas bien par où prendre le problème, je me souviens du conseil suivant: avoir les compilations rouges et bleues et l'album blanc, pas difficile à retenir. J'ai essayé le fameux album blanc il y a une dizaine d'année. Je ne suis pas sûr être parvenu à écouter un des deux volumes en entier à la fois. Rien à faire, ne pas insister dans ces cas là. De toute façon, je suis Rolling Stone, voilà comment j'analysai la situation, croyant dur comme fer à ce clivage légendaire.


Touriste japonais pris en flagrant délit

J'ai découvert Abbey Road cette semaine. Quarante ans après tout le monde, quoi. Allez savoir pourquoi, j'ai mis la main sur un vinyle, la photo de la pochette, j'ai toujours aimé cette photo, des souvenirs de cette escapade à Londres il y a deux mois, où mes pas m'ont mené au passage clouté, moi à la différence de tous ceux qui étaient là et se faisaient photographier en traversant les bras ballants, qui n'avais jamais écouté le disque. Je savais vaguement qu'il y avait dessus Come Together, et c'est à peu près tout. Je dois avouer aujourd'hui ma surprise totale depuis que je l'ai découvert parce que ça ne ressemble absolument pas à ce que j'imaginais et il ne se passe pas un jour sans que je ne doive l'écouter.


Abbey Road, le carrefour.

La photo je disais. La coccinelle blanche à cheval sur le trottoir, en face, une voiture noire de police avec probablement un flic en civil, à moins que ce ne soit un simple badaud, qui les mains dans le dos, veille au bon déroulement de la traversée. Un groupe de personnes au niveau de l'entrée des studios qui regarde aussi ce qui se passe. Quatre types qui marchent avec la régularité du pas cadencé ou presque puisque seul celui qui va nu pied est en opposition de phase, à intervalle équidistant, le premier, le meneur, en costume blanc, les mains dans les poches. Les immeubles de brique rouge, les arbres sur le trottoir, le ciel dégagé. Ca sent un peu l'été.


Comment aurais-je pu penser trouver aussi entêtantes les chansons de Georges Harrisson, Something et Here Comes The Sun? Comment se fait-il que McCartney que j'ai toujours trouvé insupportable sur Yesterday ou Let It Be, pour ne citer que celles là, me touche à ce point avec You Never Give Me Your Money? Comment vous expliquer l'écoute de cette deuxième face, de ces chansons qui s'enchevêtrent, jouent à cache-cache, se répondent les unes aux autres? Comment vous dire, sans parler de Come Together, des titres comme Oh! Darling qui vous trottent toute la journée dans la tête, ou bien encore I Want You, dont je ne connaissais l'existence jusque là que par une reprise de Noir Désir, et qui me coupe le souffle à chaque fois.



Bien content de m'être trouvé un nouveau compagnon, pas certain de découvrir quelque chose d'aussi puissant dans le reste de leur oeuvre.

vendredi 5 juin 2009

On se moque du monde

La formation avait lieu dans un restaurant gastronomique non loin de chez moi. Pour une fois je sacrifiais un peu à mon temps, après une dure journée de labeur: j'avais répondu à l'invitation. "Avancez-vous, un apéritif vous attend sur la terrasse!". Génial! La vue est magnifique, l'étang, les nénuphars, les arbres autour, le bois en bordure. Vue vite gâchée hélas par quelques personnes que j'aurai préféré éviter. C'est la loterie. Si j'avais pu passer incognito! Mais l'invitation si alléchante avait suscité des convoitises.

Il aura fallu un bon quart d'heure et quand je dis bon quart d'heure c'est pas façon de parler, je suis bel et bien resté un bon quart d'heure, avant qu'une serveuse ne s'avance avec un plateau, offrir des rafraîchissements à un groupe de retardataires, sans toutefois venir jusqu'à moi. J'étais un peu à l'écart certes. Une dizaine de minute plus tard, une autre faisait circuler un plateau avec quelque amuse-bouche. Un par personne. Puis on vint m'offrir une flûte de champagne. Mais on annonçait en parallèle de s'avancer, que ça allait commencer.
Dans la salle de restaurant où nous prenions place pour la conférence, on pouvait voir juste à côté de belles tables dressées, nappes blanches sans un pli de travers. Comme les places du fond étaient prises d'assaut, c'est au premier rang, dernier choix qu'il reste aux cancres, que je m'installe.

Je vous passe les détails du contenu, présenté par un Droopy, survolant son diaporama, visiblement peu à l'aise pour prendre la parole en public, ne mettant aucun enthousiasme, ni de chaleur aucune dans son propos, ce qui a pour conséquence un décrochage de l'auditoire dans les cinq minutes. Au bout d'un moment, et c'est inévitable, ce sont les premiers bâillements qui s'expriment, on ne peut plus les réprimer. Impossible de se concentrer, on frôle l'hypoglycémie. Il faut avoir à l'esprit que le cerveau pour fonctionner est gros consommateur de sucre. On entend mieux le ventre plein! Tout ça dure une heure trente. On commence à gamberger, se demander ce qu'on va bien pouvoir se raconter à table, tout cela sent le piège qui se referme. On se fait du mauvais sang.

Puis coup de théâtre. Un groupe vient s'installer aux tables voisines, et on comprend d'un coup qu'elles ne nous étaient pas destinées. On épluche alors les autres éventualités, et le contenu du discours passe définitivement à l'arrière plan. L'intervenant met enfin un terme à son soliloque. On nous annonce un buffet qui va nous être dressé. On se moque du monde. Un petit jeune qui cherche le contact s'approche de moi, nous commençons à échanger quelques impressions et quelques sarcasmes. On se moque du monde. Et lorsqu'il me fait remarquer que le champagne a disparu au profit d'un vin rouge quelconque, c'en est trop. Décidément, on se moque du monde. Je tourne les talons, file à l'anglaise, avant même l'arrivée du buffet.
Je ne m'en suis pas si mal sorti finalement.

vendredi 22 mai 2009

Itinéraire d'un enfant gâté

Je n'ai pas pu fermer l'oeil sur le chemin de retour, trop fatigué, trop d'images en tête, ne pouvant bien m'allonger sur la banquette. Je n'ai pu dormir qu'une heure à mon arrivée. J'étais lessivé ce soir-là. Je te regardais par la fenêtre, toi sur le quai, et je sais pas pourquoi, dès que le train aurait démarré, j'avais le sentiment que c'était la dernière fois que l'on se verrait. Malgré les années, il m'arrive quelque fois de penser à cette ultime soirée. Moi flottant dans un bain à bulles, poussant l'un derrière l'autre des maccarons de chez Ladurée, une flûte de champagne pour se rincer le gosier et faire passer le tout. Je ne tenais particulièrement ni à l'un ni à l'autre, excepté le champagne, pour être tout à fait franc. Il y avait quelque chose d'étrange et d'extravagant: l'écart était trop grand avec mon quotidien. Un peu trop aux petits soins peut-être, ou comment jamais essayer de satisfaire un enfant gâté. Je me revois ensuite le pegnoir ouvert, étendu sur le lit, ta tête entre mes mains pour un plaisir plus long en bouche. Il y avait cette agréable sensation de légèreté, à laquelle succéda celle un peu plus dérangeante, que tout ça ne me ressemblait pas. Je n'ai jamais eu envie de finir gigolo. Je suis beaucoup plus attaché à ma liberté que ça. Même si on a passé du bon temps ensemble, même si ça a été dur et cruel peut-être, il me fallait partir et mettre un terme, pour être tout à fait honnête.

vendredi 24 avril 2009

vendredi 17 avril 2009

Revue de casernement

Depuis que mon pc a planté en début d'année, une des perte les plus lourdes hormis les photos, c'est la base de donnée de ma discothèque que je complétais au fur et à mesure, à un rythme irrégulier certes, mais pour laquelle j'étais arrivé à référencer les deux tiers. Aucune sauvegarde de faite, donc tout à refaire.
L'exercice est ingrat et idiot, parce qu'il me faut retrouver à tout prix la date exacte de sortie du disque, puisque c'est le paramètre prépondérant de la classification. J'aime bien savoir qui est avant qui, qui a fait quoi avant ou en même temps.
J'ai commencé cette fois-ci à rebours, c'était plus simple et rencontre les premières difficultés au fur et à mesure que le temps remonte et je n'en suis qu'en 2003. Pour m'en sortir, il y a certes l'internet, qui ne répond pas toujours à mes questions, et ma collection des Inrockuptibles que je paluche en quête du moindre indice.
Plus qu'une recherche de date, c'est devenu une revue de casernement. Des moments forts, des joies, des peines, des évènements marquants viennent se rappeler à mon souvenir. Et j'ai parfois du mal à reconnaître celui que j'étais il y a peu de temps encore. Du mal à me dire que j'ai pourtant aimé tel ou tel disque qui aujourd'hui ne me fait ni chaud ni froid, alors que j'écoute encore tel autre qui a toujours été l'outsider.
Je vais traverser bientôt d'autres époques, d'autres lieux, d'autres personnes dont je n'ai plus guère de nouvelles, revenir au début de ma vie active, l'armée, ma vie d'étudiant, mes jeunes années qui n'ont aucun intérêt, fatalement, et c'est amusant, celles où je n'étais même pas né, mais qui ont trouvé leur place au moment de la découverte, comme si j'y étais.
Le fait est que depuis un moment je ne parle pas du présent ni du futur, mais reviens sans cesse sur le passé, comme pour vérifier qu'à la lumière de ce que je sais aujourd'hui, de celui que je suis devenu, je n'ai pas omis quelque chose en cours de route. Pour le moment il n'y a rien à signaler donc rien à regretter. Une fois cet inventaire terminé, quand il n'y aura plus rien à en tirer, si ce n'est qu'une suite de dates qui donneront l'ordre dans une liste, je pourrais pleinement passer à autre chose.
Bientôt neuf an que je n'ai pas bougé, que je me suis laissé poser, me suis assoupi, me suis encroûté après une période instable, je sens bientôt venir le moment propice de remettre le compteur à zéro.

lundi 13 avril 2009

Le miracle de la rose

La désastreuse performance live de cet été à Bruxelles, mais il semble qu'il se soit livré au même exercice sur la date parisienne, où à deux doigts du miracle de le voir interprété devant moi, s'est transformée en désastre, néanmoins je considère toujours Berlin comme un de mes disques préférés de tous les temps.
Jusqu'à ces jours-ci j'avais une réedition vinyle, trouvée chez un soldeur il y a une douzaine d'année maintenant. J'avais le choix à l'époque entre deux exemplaires: un avec paroles sur la pochette gatefold, plus ancien, que je pensais être l'édition originale, et celui que j'ai pris, moins cher, plus récent sans doute, pochette simple, mais qui présentait l'avantage d'être comme neuf. Je ne sais plus qui disait qu'il préférait écouter une réedition en bon état qu'un original usé jusqu'à la corde, je me suis donc rangé sur cet avis.


Les paroles de la première chanson Berlin et de la dernière, Sad Song, illustrent le recto et le verso de la pochette. Je me suis souvent demandé pourquoi les autres n'y étaient pas. Je n'ai eu la réponse à ma question qu'il y a deux semaines en mettant la main, ô miracle, sur l'édition originale anglaise (ou tout du moins je le pense) dans un bac de soldes. Le grain du carton est épais et jauni. Pas de gatefold, une pochette simple, mais avec à l'intérieur un livret, sorte de roman photo avec les textes. Ouvrez bien les mirettes.






Lou Reed - Berlin - 1973 - RCA APLI 0207

Greatings from London

Alors quoi de neuf dans la besace?
Quelques merdes des années 80.


Quelques plaisirs coupables.


Un peu plus sérieux: une réedition des deux premiers albums de Tim Hardin en pochette gatefold, Tim Hardin dont j'avais embarqué le cd avec moi pour le voyage, j'aime ce genre de hasard, une réedition du Nancy & Lee de chez Rhino sur laquelle je me suis précipité. Quelques jours plus tard je tombais sur l'original, mais tant pis. Cette réedition présente l'avantage d'avoir un titre supplémentaire et de coïncider parfaitement avec l'exemplaire cd que j'ai. Puis une des bonnes surprises, un exemplaire original du Nina Simone And Piano, un de ses plus beaux albums de la période RCA, 1969.


Une réedition du SF Sorrow des Pretty Things, Iggy, Dylan, une réedition de Bring It All Back Home, un original en revanche de Times They Are A Changin'. La pochette a vécu certes mais j'aime l'épaisseur du carton. Le disque était décrit comme "poor". Après un bon décrassage, il passe parfaitement sans un craquement. Enfin, LA pièce qui justifie à elle seule le déplacement, l'original de Berlin de Lou Reed, toujours avec ce carton épais, sans un craquement non plus, et avec, chose que je n'avais jamais vu auparavant, le livret original avec pour chaque titre, parole et photo... Puis Johnny Cash, je ne pouvais pas laisser passer cet exemplaire de l'American III: Solitary Man.

dimanche 12 avril 2009

Eloge de la fuite

Il est des jours comme ça... J'ai pas pu. Ca a commencé par le lait qui a débordé contre toute attente, alors que je pensai maîtriser le point d'ébullition. C'est monté d'un coup, je l'ai retiré. En une fraction de seconde j'ai compris qu'il valait mieux que je mette la casserole dessus l'évier dare-dare.
Comme un signe, j'ai de suite senti que ce serait pas la journée. Pourtant j'étais prêt, ça serait sorti comme ça, l'air de rien devant tout le monde, histoire de diluer et surtout de pas avoir à répéter. Quoi? Qu'est-ce qu'il a dit? Dans ces moments là c'est fou comme on comprend de suite.
Donc de guerre lasse, comme ça ne faisait aucune différence que je sois là ou pas, pas la peine de lutter, je me suis éteins. Switch Off. Acte de présence. Là et ailleurs à la fois. Effacé. Mis en veille. Le reste de la conversation me passait par dessus la tête, entrait par une oreille et ressortait par l'autre avec cette pénible impression de m'ennuyer et surtout de perdre mon temps.
Je pensais à Londres, à ces instants, où seul, j'étais... bien, tout simplement. Regent's Park, Hyde Park, St James's Park.



dimanche 5 avril 2009

Suivez le guide

Pourquoi Londres? Pour tout un tas de raisons plus ou moins bonnes: le G20, la livre sterling, la Guiness, les baked beans, les disquaires... Il n'a pas trop fallu me pousser pour un nouveau pèlerinage à la "Mecque".
Premier choc: plus un seul magasin de disque sur Piccadilly Circus. Ou pour être plus exact sur les trois qu'il y avait, n'en reste qu'un: le HMV sur Shaftesbury Avenue qui est adjacente. Lors de ma dernière visite Tower Records avait déjà disparu pour laisser place à un second Virgin Megastore. Il se trouve que Virgin a été racheté par une autre firme Zavvi qui a fermé ses enseignes le 24 décembre dernier, laissant des magasins vides, à louer. Impossible de faire ses emplettes en soirée maintenant, HMV ferme ses portes pour 20h30, 21h dans le meilleur des cas, au lieu de minuit à la grande époque.
Borders une autre chaîne de produits culturels pratique des soldes drastiques sur le cd, pour tenter de se débarrasser de ces embarrassants objets dont on n'est plus certain qu'ils subsistent en fin de d'année. Ce qui est ici proposé à €6.99, ne l'est plus qu'à £4.99 quand ce n'est pas à £3 chez HMV. De bonnes affaires en perspectives? Probablement mais pour le choix, c'est réduit. Ne restent plus que les même têtes de gondoles, les mêmes artistes best sellers, tout ce que vous avez déjà chez vous en gros: les Lou Reed, les Bowie, les Neil Youngs, les Dylan etc... Inutile d'aller chercher quelque chose qui sorte de l'ordaire: c'est terminé.
La profusion et l'écclectisme c'est plutôt chez les différents disquaires d'occasions, où il ne faut hésiter à se retrousser les manches et se salir les mains pour faire, un à un, les bacs et tomber sur cds ou vinyls à £1 ou £2. Et vu les stocks qu'ils ont sur les bras, ça décôte.

Deuxième activité, la visite de la ville. Quelques points cardinaux.
Battersea Power Station, avant d'arriver en gare de Victoria. Qui ne produit plus rien depuis 1983.



Abbey Road et son passage clouté. Où tout le monde traverse à grandes enjambées en balaçant bien les bras.



Heddon Street, une petite rue qui donne sur Regent's Street. Les cartons et poubelles ont laissé place aux lounge bars et aux vastes terrasses.


jeudi 2 avril 2009

Tournez manèges

Je suis descendu deux stations plus tôt. J'ai voulu faire un dernier tour, repasser partout une dernière fois, revoir les rues la foule en moins, les larges avenues aux immenses vitrines, aux couleurs foisonnantes, aux éclairages bariolés, aux néons multicolores dans la nuit. Je me suis laissé griser, comme on fait un dernier tour de manège. Oxford Street, Regent Street, Piccadilly Circus, Soho... Peu de monde dans les rues par les temps qui courent: même à Soho, c'est la crise. Il y avait un peu de monde devant le Compton, l'Admiral Ducan. Tout le monde était là. Je n'y ai pas mis les pieds, juste passé devant. Je sais comment c'est. Ça commence par une bière, ça finit par un baiser sur le Waterloo Brigde ou une étreinte à Hyde Park. Sur le chemin du retour, j'ai fini par prendre un verre à Quebec. Je ne sais plus où j'ai lu ce commentaire: for older people. Beaucoup de cheveux blancs effectivement. La moyenne d'âge allait sûrement baisser dès que le couvre feu aurait sonné ailleurs, c'est un de rares pubs que je connaisse à rester ouvert jusqu'à deux heures du matin. Mais je n'allais pas attendre. Attendre quoi d'abord. Je suis revenu vérifier que tout était là, le long comptoir, le bar, les bouteilles jusqu'au plafond, très haut le plafond, un peu comme dans une bibliothèque, la lumière tamisée, l'ambiance feutrée. Marble Arch, j'ai repris le métro, j'ai dormi comme une souche.
Je me suis demandé ce matin comment j'allais faire pour ramener la petite quarantaine de vinyles que j'avais amassé...


Oxford Circus, quelques heures plus tôt.

vendredi 27 mars 2009

Avant/Après

Où passe le temps? Il coule doucement mais sûrement, imperturbable. Combien de fois, pressé, je me suis demandé ce que j'avais bien fait de mon temps. Parce que prendre le temps, voilà ce qui me plaît par-dessus tout. Avoir cette impression que le temps se suspend, en oubliant sa subdivision en heures ou minutes, et se déconnecte. Il se crée alors un moment, un espace que l'on peut apprécier à l'instant où reprend le flot ordinaire. Une forme de vacance. Une parenthèse qui donne l'impression d'avoir apporté ou reçu quelque chose.

On peut aussi foncer sans se poser ce genre de question, s'immerger, en abattre, et d'une autre façon, avancer. On peut en mesurer le temps par ce qui reste, quand on regarde en arrière l'oeuvre accomplie. Voilà l'exercice auquel je me suis livré. Deux années séparent en gros ces clichés. Deux années où il fallait prendre les choses à bras le corps, où il n'a pas été toujours facile de le prendre, le temps. J'y suis pas pour grand chose. A part prendre des photos, moi, vous savez...