Time Fades Away

jeudi 28 juin 2007

Inland Empire pour les Nuls

D'entrée, deux trois choses en préambule. J'ai enfin pu voir ce film qui est sorti depuis février et après lequel j'ai longtemps couru. Voilà mes impressions à chaud. J'ai bien pris soin de ne rien lire dessus, un: j'avais pas l'temps, deux: je voulais garder la surprise intacte. Les à-priori que j'avais étaient que c'était pas un film facile, que beaucoup sont sortis déçus. Étant tourné en vidéo, j'avais peur d'une image crade.

Que fallait-il comprendre? A vrai dire j'en sais rien... Ça commence par du noir et blanc, une aiguille de gramophone qui laboure du microsillon, et vous donne le vertige. Va falloir se creuser un peu les méninges: exploration de souvenirs? Un peu comme un disque dur qui tourne et rame avant de trouver ce pour quoi on a cliqué.

Qu'y a t'il au juste. Une brunette qui regarde la télé et qui chiale comme une madeleine, un film en tournage, et c'est d'ailleurs ce film que la brunette mate. Des filles, des gros nichons, un baiser saphique, des lampes rouges, un téléphone qu'on laisse sonner, des tentures rouges, une salle de cinéma vide, un personnage lugubre au regard halluciné qui annonce une prophétie... ça vous rappelle rien tous ça? Dans Mulholland Drive ya déjà tous ça!! Et Mulholland Drive, on a tous aimé, et compris... Les déambulations dans des couloirs sombres, on voit ça tout le long de Lost Highway, j'vois pas où est la difficulté!
L'image est volontairement moins lisse, c'est un parti pris, vidéo oblige. Pourtant, sur le film tourné, c'est de la pellicule qui est utilisée puisqu'on s'en inquiète à chaque fin de prise.
On retrouve des thèmes récurrents: l'adultère, la jalousie, la peur de ne plus être aimé... Les doublements de personnages, une des difficultés du film. Qui/quand est Nikki/Sue, Devon/Bill...
Là je commence à me perdre. Et c'est ce qui me plait: ne pas avoir de réponse toute faite. Que Lynch s'amuse à brouiller les pistes tout le long du film, et que le jeu est de démêler tout ça et finalement de construire sa propre version. L'ambiance est sombre et pesante: pas de scène de poursuite, ni comique ou sulfureuse pour divertir.

Bon, on reprend! Ya un tournage, c'est un remake, l'original n'a jamais été terminé parce que ça s'est fini dans un bain de sang. Ça bascule quand Sue entre dans le décors... Sue, elle a perdu la boule quand son fils est mort... A la fin elle finit par trouver les lapins... Comment ça vous suivez rien?? Comment ça j'ai rien compris?? Générique de fin!!

mercredi 27 juin 2007

Sur le chemin du retour

Avais pas prévu de faire la Fête du Cinéma. Se trouve que ça c'est passé comme ça. Le film que j'voulais voir était projeté dimanche matin. Et puis, why not? En ai profité pour voir des trucs que j'serai jamais allé voir en temps ordinaire, histoire de vérifier mes goûts. Suis rassuré, zont pas changé. Ai vu des tucs biens, des trucs que je ne pensai plus voir en salle, des merdes, enfin une au moins: Ocean's 13. Avais pas trouvé sensass' les deux précédents déjà. Comme quoi une belle brochette de noms: Clooney, Pitt, Damon, Pacino, Affleck, Garcia... Soderbergh, ça fait pas tout. A part mouiller les deux nunuches que j'avais derrière, qui avaient du mal à contenir leur émotion. De belles images sans doute, mais pas un film en tout cas.




Lundi soir, vers minuit, suis rentré avec ça à fond les gamelles, sur les routes sinueuses de la Chalosse. La nuit était calme, étais seul dans les lacets que la lune éclairait. Ai surpris deux ados qui s'étaient donnés rendez-vous dans un champ. Romance secrète, cigarette en cachette, fait le mur à la sauvette?
Avais encore l'impression d'être dans ce film duquel je sortais, qui a bien duré trois heures que j'ai pas vu passer et qui m'a laissé stoned une fois de plus. La claque c'est toujours la première fois. Méritera d'y revenir pour démêler un peu tout ça. Puis ça c'est fini avec le Sinnerman de Nina Simone, toujours aussi endiablé. Reparlerai d'elle une autre fois, on en a pas mal causé ces derniers temps.

Tout ça pour vous dire qu'Era Vulgaris est vraiment très bien, qu'il surprend un peu au départ, genre se sont pas trop cassé l'cul, puis j'sais pas pourquoi, ça marche. Sens que j'vais passer une bonne partie de l'été avec les Queens Of The Stone Age. C'est sûr ça change avec la musique de tapette que je vous ai servi jusqu'içi...

dimanche 24 juin 2007

Rainy days and mondays...

Un autre moyen pour mettre de la musique sur le blog est YouTube, que tout le monde chérit en ce moment. Solution de facilité s'il en est. On a toujours la possibilité de tourner le regard si les images ne plaisent pas.

J'ai toujours imaginé Karen Carpenter dans des décors de Roger Harth et des costumes de Donald Cardwell... De blanches robes longues, taillées comme des rideaux Ado! Elle chantait et jouait de la batterie, chose qui se faisait pas mal dans les années 70 ( je pense notamment à Robert Wyatt) et qui est plus rare de nos jours.

So romantic... Pourtant au fil des ans, un drame se trame: succès planétaire, disques d'or, tournées épuisantes, amaigrissement... anorexie, elle y laisse la peau en 1983. Mais revenons en 1971, sur leur troisième album qui s'ouvre avec Rainy Days And Mondays. Aussi curieux que ça puisse paraître, Sonic Youth sont un leur plus grand fans. Et toujours de ce troisième album, c'est Superstar qu'ils ont choisi d'adapter pour l'album hommage If I Were A Carpenter.

Une petite pensée à celles et ceux qui vont reprendre le chemin du boulot, et qui ont tellement à coeur ce qu'ils font qu'ils passent leur journée sur le net, d'un blog à l'autre en attendant l'heure de la sortie. A tous ceux là, bon courage donc, moi ce sera grasse mat' et glandouille... Vacances!! De toute façon, y fera pas beau. Nananère!!

mercredi 20 juin 2007

En l'An 2000, plus de musique!!

Il n'y a pas de musique sur ce blog. Il n'y en aura probablement jamais.

Un, parce que j'ai bien essayé, mais au bout de quelques heures, après avoir réussi facilement à implanter des Dewplayers, impossible à les charger de musique. Alors option suivante.
Deux, je n'encode pas en mp3 pour mon baladeur numérique. Ça qui complique les choses si je dois encoder ma discothèque dans deux formats différents.
Trois, pourquoi pas Radioblog? Vu la pauvreté de ce qu'on y trouve dès qu'on sort des sentiers battus, le choix est frustrant. Puis pour les noises qu'ils cherchent chez les copains, histoire de faire la police: non.
Quatre, linker vers MySpace, ou un site officiel? Ça semble la moins pire des solutions et la plus conne à la fois. L'offre est limitée à ce qu'on veut bien y faire entendre. Puis ya moins de risque de se retrouver emmerdé par des histoires de copyright machin-chose.

Le grand perdant dans cette histoire, c'est la musique. Quelle meilleure promotion que de la faire partager, en en parlant certes, mais aussi en la diffusant. Tant de pépites vont se retrouver englouties à tous jamais faute de n'avoir été entendues et partagées. Combien passent (moi le premier) à côté de choses formidables, simplement parce qu'on en a pas eu connaissance, parce qu'on a pas pris le temps de s'y pencher. Pourquoi taper sur les doigts de ceux qui font partager sans arrière pensée un bout de leur discothèque. Je pense à des gens comme Cre avec lequel je partage quelque goût commun en matière de musique, qui propose des morceaux et des artistes qui méritent d'être défendus, parce que peu exposés. Et qui ne trouveront malheureusement plus d'oreilles pour être entendus si ça continue.

Un brin provocateur, je dirais que de toute façon les gens n'aiment pas la musique. Qu'on ne finira plus par trouver que des compilations, des best of, des greatest hits dans les bacs de disques, dont les mètres linéaires fondent comme la peau de chagrin dans les magasins. Que la musique est à la fois partout et nulle part, tant elle nous est familière. Et l'idée maintenant admise de sa gratuité finit par lui faire perdre toute valeur.

En 1963, Léo Ferré prophétisait dans Mister Giorgina:


La musique, FINI la musique/ En l'an 2000 PLUS de musique!!

Je ne suis hélas pas en mesure de vous proposer d'écouter la chanson pour illustrer mon propos.

dimanche 17 juin 2007

La grande bouffe


Lorsque nous entrons dans la salle, la lumière est encore allumée, les pubs défilent sur l'écran. On s'assied, chahute un peu avant le début du film dans cinq minutes. D'autres spectateurs viennent grossir l'effectif, on sera une petite dizaine au total. Puis on se concentre un peu sur cet avant-programme peu ordinaire. Je regarde ma montre une dernière fois lorsque les lumières s'éteignent d'un coup. En fait ça fait bien quinze minutes qu'on regarde le film, qui a débuté avec dix minutes d'avance. Ça m'agace un peu, et je suis un peu gêné d'avoir pu importuner les autres spectateurs.

We Feed The World est projeté ici, et comme on n'a pas toujours la chance d'avoir de telles choses, je ne voulais pas le manquer. Pour vous dire, Inland Empire, longtemps annoncé et attendu, n'a jamais été projeté. Ce documentaire dont la presse et les radios se sont fait le relais à sa sortie n'a rien d'exceptionnel.

La pêche industrielle va anéantir la pêche artisanale en Europe, à moyen terme. La qualité et le goût sont sacrifiés au profit de la production de masse et de la rentabilité de produits standarisés et esthétiquement irréprochables (donc, vendeurs sur des étalages). Les pieds de tomates-grappes atteignent jusqu'à 10 mètres de haut. Le coût de transport en camion des tomates à travers l'Europe ne représente que 1% du prix de vente (imaginez la marge!). Que ça vous dégoûte pour un moment de bouffer du poulet d'élevage, car on voit tout: de la conception du poulet (la poule docile et le cock en rut), l'incubation, l'éclosion des oeufs et les premiers piaillements des petits poussins (oh comme y sont mi-mi!!), et que 8 semaines plus tard, à la veille de leur abattage, ils le sont nettement moins. Rien ne nous est épargné puisque on y voit toute la chaîne jusqu'à la découpe et l'emballage des morceaux en barquette polystyrène qui n'attendent que vous au rayon du supermarché.

On produit sur Terre largement de quoi nourrir toute la population, et nous autres qui mangeons à notre faim, sans même y penser, ne mesurons pas toujours la chance que nous avons de ce côté et la malchance que nous avons de l'autre. Le soja OMG (Rondup Ready) qui sert de fourrage au bétail européen (celui qu'on bouffe!), est produit au Brésil, sur des parcelles de forêt vierge détruite (l'équivalent de la surface de la France et du Portugal, c'est pas rien). On ne peut plus se sentir épargné...

Au sortir on apprendra que le projectionniste ne sachant pas que le film était calé sans pub et autre bande annonce a envoyé directement le film par mégarde.

lundi 11 juin 2007

Cher Joseph Arthur





J'ai mis, une fois de plus, un peu de temps avant de pouvoir trouver un exemplaire de votre dernier album Let's Just Be. Une seule écoute a suffi pour me décider à l'archiver définitivement dans ma discothèque. On savait que jouer avec un groupe vous démangeait depuis un moment, mais on va tenter d'oublier au plus vite cet épisode, ce faux pas enregistré à la va-vite, probablement en une prise, sans répétitions préalables. Les vingt et quelques minutes du morceau Lonely Astronauts, plantées là en plein milieu de l'album, découragent toutes les bonnes volontés de renouveler l'expérience.

Pourtant, il y a tout juste six mois vous nous donniez des nouvelles rassurantes avec Nuclear Daydream, disque plus léger. J'ai presque cru que vous aviez trouvé la sérénité en renouant avec cette façon unique que vous avez de trousser des chansons pop parfaites et de déclamer par exemple:



I'm longer who I was/ No longer who I thought I was

Un peu plus de dix ans que je vous suis fidèle. Depuis la première fois sur scène pour la tournée Big City Secret, seul au beau milieu de vos mille et unes pédales d'effet, à faire autant de barouf qu'un groupe au complet. J'ai attendu ce deuxième album qui a mis du temps à venir. Et quand j'ai écouté le Vacancy Ep qui l'a précédé, j'ai un peu mieux compris that there was something wrong with you. Come To Where I'm From a été mon compagnon à bien des moments difficiles. Je vous ai vu il y a cinq ans à nouveau, pour la tournée Redemption' Son, vous avez interprété I Donated Myself To The Mexican Army, chanson toujours pas officiellement publiée et dont le souvenir me donne encore des frissons.... Ce sont tous ces moments que je souhaite retenir, si nos chemins venaient à se séparer.

mercredi 6 juin 2007

Dialogue de sourd

Acte I scène I

Le Voisin Du Dessus: - Mais non, ce n'est pas moi. Je n'y suis pour rien. Il n'y a jamais eu d'eau chez moi. Et patati et patata

Solitary Man: - Elle ne peut venir que de chez vous. Une chose est sûre, elle peut pas venir de chez moi. Et patati et patata

Le Syndic: - ...

LVDD s'adresse à SM et monte le ton: - Et vous, vous êtes venu chez moi, un jour où j'étais pas là. La personne qui était là vous a ouvert et vous avez pris des photos et patati et patata

SM: - Oui j'étais avec l'expert et on a trouvé des traces d'humidité anormale dans votre mur, c'était il y a un mois et là ça recommmence et patati et patata

LS à LVDD, diplomate: - Chez qui êtes-vous assuré? Vous pouvez nous sortir votre contrat et patati et patata

LVDD: - Non, je n'ai pas à vous fournir ça.

LS: - Je suis syndic, il va falloir et patati et patata

LVDSS hors de lui: - Vous croyez que ça me fait plaisir de faire rentrer des gens chez moi contre ma volonté. Vous n'avez pas le droit de faire ça!! Parfaitement!! On appelle ça de la violation de domicile et patati et patata. Et vous n'avez rien à faire ici: SORTEZ!!!



VLAN!!



Acte I Scène II

SM: - Je vous l'avais dit que je l'sentais pas l'vieux. Puis les sourds (à part Antonio of course), moi j'y arrive pas.

LS: - C'est pas la surdité, c'est de la connerie. Je vais convoquer un plombier demain pour vérifier l'origine de la fuite. Et s'il ouvre pas on se donnera les moyens. Quand il y a une urgence, les pompiers arrivent à ouvrir les portes... Je contacte son propiétaire et son assurance marchera s'il le faut. Je rappelle l'expert et patati et patata.

SM: :))



Acte II scène I

SM: - Je viens payer mon loyer, pardon j'ai un jour de retard.

La Dame De L'Agence: - Oh ce n'est rien.

SM: - J'ai un problème avec mon voisin du dessus. Deuxième dégât des eaux en un mois. Il passe par chez vous pour le loyer et patati et patata

LDDLA interloquée: - Ahh, effectivement!

SM: - Vous pourriez me dire chez qui il est assuré?

LDDLA se dirigeant vers son casier: - Certainement il est chez et patati et patata

SM tout miel: - Et... ce serait abuser de vous demander le numéro de contrat et patati et patata, promis je dirai pas que c'est vous...

LDDLA: - C'est le et patati et patata

SM à lui: - Hehe!! Dans l'os le vioque!!!!

dimanche 3 juin 2007

Graaande conversation





Quelques heures passées dans le train, rien de tel pour engloutir un bouquin. Comme il fallait pas trop forcer, les Conversations Avec Antonio Lobo Antunes ont fait l'affaire. Ce recueil d'entretiens a été réalisé entre 2000 et 2001, à la suite d'Exhortation Aux Crocodiles, de la parution récente de N'Entre Pas Si Vite Dans Cette Nuit Noire, alors que l'auteur est en train de concevoir Que Ferai-Je Quand Tout Brûle.


Pourquoi Antonio Lobo Antunes m'est-il sympathique? Ce solitaire lisboète, bougon, à moitié sourd, qui parle peu, se montre peu, et passe le plus clair de son temps enfermé à écrire ou à lire. De ce qu'il livre de sa vie privée passionnante? Une vocation d'écrivain dès le plus jeune âge; des études de médecine forcées (il a exercé en tant que psychiatre); mobilisé pour la guerre en Angola, source d'un profond traumatisme; un divorce en coup de tête d'avec sa première femme, que néanmoins il accompagnera dans ses derniers mois; une vie de patachon vite remisée pour se consacrer exclusivement à ses livres.


Qu'ai-je appris? Se méfier des écrivains qui passent plus de temps dans les dîners en ville que devant leur ouvrage. Ou de ceux qui, en règle générale, parlent mieux que leurs bouquins ne sont. A la question de quoi parle le livre, il cite je-ne-sais-plus-quel auteur du XVIIIè qui répondait: "le livre parle de ce qui est écrit". Bonne réponse! Et quand il évoque la grande amitié qui le liait à son capitaine, jusqu'à la mort de ce dernier: ils passaient des heures ensemble sans parler. Et lorsqu'ils se quittaient, ils avaient l'impression de s'être dit beaucoup de choses...