Time Fades Away

vendredi 30 mai 2008

Dies irae

Ca a pété d'un coup, comme le tonnerre, comme l'orage, et la pluie drue qui s'ensuit. Ca montait, ça montait, je disais rien, je me contenais, je prenais sur moi. Puis il ya eu un moment où ce n'était plus possible à garder. Alors quand on se montre insistant pour vraiment savoir ce qui cloche, tu veux savoir et bien voilà: j'ouvre les vannes. Et évidemment en face on comprend pas, le ton monte. J'ai ouvert le palais, gonflé le coffre et fait résonner les cordes vocales un peu plus fort que d'habitude, moi qu'on n'entend jamais, moi qu'on fait toujours répéter parce que j'articule à peine. Les mots sortaient sans l'ombre d'une hésitation et je me surprends moi-même de déployer un tel volume sonore quand ça se produit, sans aucune difficulté, avec une certaine aisance même, comme un chanteur lyrique ferait ses gammes. Et dois-je vous l'avouer, j'ai éprouvé de la volupté à exprimer ma colère. Et faire taire mon interlocuteur.
Dire qu'il aura fallu attendre d'arriver à bientôt quarante ans pour devenir colérique.

jeudi 29 mai 2008

Quantité de mouvement

Il va falloir revenir sur Terre. Fatigué de journées bien remplies, décalé dans le calendrier au point de ne plus savoir très bien le jour qu'on est, comme si le temps s'était suspendu, mis entre parenthèses il y a une dizaine de jours, et hop revenir comme ça dix jours après, que s'est-il passé entre, qu'as-tu fait au juste, rattacher les wagons, reprendre le rythme, le bon, un peu comme une toupie, pris dans le tourbillon, dont le barycentre avance, fort de sa quantité de mouvement, voit sa vitesse de rotation décliner et au final son équilibre trébucher. Une vague sensation vaseuse, d'être et de ne pas être là à la fois, peu comme si je revenais de vacances, à part que c'est tout le contraire.
Je crois que je vais me coucher.

dimanche 25 mai 2008

Classement Vertical


Barcelone
Des pavés, du soleil, des visages
Un été plein d'images
Et de fleurs

C'était la première fois que j'y mettais les pieds, une destination qui me trottait depuis longtemps dans la tête. C'est pas le bout du monde pourtant la Catalogne depuis ici. Peut-être était-ce trop près justement. Peut-être que j'entendais trop de monde se pâmer de cette ville, où tout le monde y avait déjà été, où tout le monde trouvait ça vraiment bien.

Barcelone
Dans le port un bateau qui s'amarre
Le bourdon des guitares
Et mon cœur

Puis il y avait cette chanson perdue au fond d'une cassette, cette compilation de Boris Vian que je m'étais faite en 92, vers laquelle je revenais souvent. Il y avait J'Suis Snob, Je Bois, et Barcelone. L'Espagne avait la côte cette année là: les J.O. à Barcelone, l'Expo Universelle à Séville. Et moi qui restait là dans mon studio au dernier étage. Je n'ai eu pas de vacances cet été là, je bossais dans un petit bled à la limite de la Dordogne et passais mes soirées dans une chambre d'hôtel où j'étais en pension complète aux frais de la princesse.

Barcelone
Souvenir de nos nuits haletantes
D'un été qui me hante
Barcelone

Je ne suis pas parti cet été là, pas question de faire comme tout le monde. Alors je me suis mis à imaginer la ville. Jamais je n'ai eu la curiosité d'en chercher des photos. J'imaginais des rues étroites baignées de la lumière blanche d'un soleil brûlant, des murs blancs, du silence, des fenêtres ouvertes. J'imaginais cette histoire d'amour, passionnelle et charnelle, l'électricité de l'union des ces deux corps et le désarroi de leur séparation.

Barcelone
Sur le port, dans le vent qui se lève
Je vois vivre mon rêve
Barcelone

Je m'imaginais marchant dans les rues à la recherche de cet amour perdu, amour qui aurait pour fantôme une ville dont je ne connaissais pas le visage. Je me trompais sur toute la ligne. Quand j'ai mis les pieds là bas, ça ne ressemblait en rien à tout ça. Un peu tiédi au départ j'ai du regarder les choses en face, pour partir à la découverte d'une ville toute nouvelle, laissant mes rêves au placard, même si au moment où je ponds ces lignes, je revois et ressens profondément encore la rue de mon Barcelone imaginaire.

dimanche 18 mai 2008

Les affranchis

C'est pas de ça que j'avais prévu de causer au départ, mais depuis quelques jours ce n'est pas évident de faire se concorder les idées et les raconter.
Tout ça pour dire que vendredi, séance de cinéma improvisée pour le dernier Scorcese. Oh rien à voir avec Les Infiltrés, dernier bon cru en date qui valait le détour.

Tout de même Scorcese à voulu se payer un gang, des affranchis et pas n'importe lesquels, les Rolling Stones. Shine A Light est la mise en scène de cette confrontation, parce que les Rolling Stones vous allez pas les mener par le bout du nez, comme ça, ils en ont vu d'autres, on la leur fait pas. Néanmoins même si ça les a fait un peu chier de se plier à quelques contraintes parce que c'est pas le genre de la maison, et s'ils ont quand même accepté de se faire filmer une fois de plus, c'est parce que c'était Scorcese.
N'oublions pas que sous son aspect documentaire, tout ça n'est que du carton pâte. Scorcese qui en chie des ronds de chapeau, avec un Jagger qui passe son temps à lui casser la baraque, pas d'accord sur le décors, trop de caméras, faisant durer le suspens jusqu'à la dernière minute pour lui communiquer la setlist, ce qui entrave pas mal son travail de cinéaste. Parce que le cinéma, ça nécessite un minimum de préparation, du matériel à mettre en place, des plans, une façon de filmer: tout un métier! Et les Stones, eux, ils en ont rien à foutre. Eux leur boulot, c'est l'instantané, l'improvisation, ce qui se passe sur scène, l'imprévisible, un concert comme ils en ont fait des milliers, alors le choix des morceaux, et l'ordre de passage, mon bon ami, c'est pas leur préoccupation première.

Tout le travail de Scorcese c'est de capter cette énergie brute, imprévisible, cataclysmique, ce tourbillon de musique au grès de son évolution. Avec un Mick Jagger qui prend un malin plaisir à arpenter la scène de part en part, n'épargnant rien pour faciliter le boulot du cinéaste: nombre de fois qu'on voit des caméras se filmer, impossible de rendre le dispositif transparent, mais ça Scorcese l'a compris très vite, et doit passer outre.

Ce qui frappe c'est le contraste, parce que les Stones ils ont plus vingt ans, entre ces peaux ridées, usées, burinées, fatiguées, un défilé de papys qui sortiraient de je ne sais quelle maison de retraite, et l'énergie pure, la violence, la performance physique et sportive qu'ils produisent, j'en suis sorti fatigué de les voir se remuer comme ça pendant une heure trente. Keith Richard, goguenard, a toujours dans l'oeil la malice qui pétille d'un garnement, Ron Wood avec cet air roublard de petite vieille, la peau fripée comme un pomme cuite, toujours prêt pour les 400 coups. Visiblement ils sont heureux. Heureux de jouer encore ensemble, même si ce sont toujours les mêmes titres et depuis combien de fois. L'enthousiasme communicatif d'être sur scène, dans leur élément, ça se voit. Trouvez moi un groupe aujourd'hui qui laisse échapper un l'ombre d'un sourire sur leur visage: ils font tous la gueule.

Mais pour les Rolling Stones, c'était facile me direz-vous. Ils ont tout inventé, ou du moins ils se sont inventés. Ils ont tracé leur chemin, se moquant bien des règles: c'est eux qui se les sont faites. De vrais outlaws. Ils ont connu et participé activement dans l'insouciance de leur époque, à la libération de l'esprit et du sexe, aux nuits de stupre, de beuveries, d'orgies et de défonces, aux démêlés avec la justice, et même un peu à la prison. On va pas la leur faire donc.

D'ailleurs Hilary Clinton, puisque le concert était plus ou moins donné pour je ne sais quelle occasion en soutien aux Clintons, résume assez bien la situation en lâchant à sa maman (oui la maman d'Hilary) qui tarde à arriver pour serrer la louche au groupe un truc comme: "Mummy c'mon!! The Rolling Stones are waiting for you!!" assez habilement traduit en sous-titre par: " Voyons Maman! Tu fais attendre les Rolling Stones!!"





Les Rolling Stones


© Wild Bunch
Galerie complète sur AlloCiné

dimanche 11 mai 2008

Bonne pioche

Finalement, c'était une bonne journée. C'est ce que je me disais tout à l'heure, allongé sur le bain de soleil, la tête à l'ombre, les pieds au soleil justement. C'était incertain ce matin, et là, cette fin d'après-midi: impecc'!! Siroter une bière, tourner quelques pages de Marcel à l'ombre des châtaigners et des chênes lièges, la musique qui sort par la fenêtre. Un petit somme peut-être.
J'avais rempli mon contrat, exécuté ma mission. Ok je fais la sous-couche, au rouleau, la peinture à l'eau, ok. Mais je travaille AVEC de la musique, et je choisis LES disques. Dont acte.
Et ce matin pour profiter d'un rayon de soleil, aller fouiller ce dont les autres ne veulent plus. Aujourd'hui la pêche a été bonne, une quinzaine de 33 tours, et que des trucs majeurs. Les plus belles pièces que j'ai rammené dans mes filets: Broken English de Marianne Faithfull, mais en maxi 45 tour, Sign 'O' The Times de Prince avec encore à l'intérieur le gros sticker en forme de coeur sur un bout de cellophane de l'emballage d'origine, Tommy avec sa superbe pochette qui se déplie et Who's Next des Who, Ziggy Stardust et Transformer en parfait état tous deux, Tonight's The Night en gatefold où on peut voir le regard de Neil Young derrière ses affreuses lunettes, et le plus incroyable, On The Beach, que je pensai introuvable parce que peu réedité, ou réedité depuis peu.
Oui bonne pioche vraiment.