Time Fades Away

lundi 28 avril 2008

C'est la fêête je fais ce qui me plaaaîîîîît

Une grande fête!! Quelle bonne idée!! Le bon plan!! Conscient que malgré tout le soin apporté aux préparatifs et tous les efforts durant la réception, tout n'a pas été parfait, même si, tout s'est plutôt bien passé dans l'ensemble, je tiens à couper court aux éventuelles critiques, la meilleure défense étant l'attaque c'est bien connu. Il suffisait d'observer, oui je sais c'est facile...

Il y a ceux qui lancent l'idée, pour commencer. Parce qu'elle vient pas de vous forcément. Oui une grande fête, mais chez toi, parce que chez nous on peut pas, y a pas de place, et puis argument qui tue, on en profitera pour fêter ton anniversaire. C'est gentil d'y penser c'était il y a quatre mois.

Il y a ceux qui lancent les invitations. Et quand quelques semaines avant, vous vous inquiétez de savoir à combien va se porter l'effectif, on vous annonce de la façon la plus naturelle et la plus clémente, entre trente et quarante. Et puis tant qu'à faire, tout le quartier se retrouve invité à force d'en parler, du fameux repas. Ce ne sont pas les quatre malheureuses personnes que vous inviterez qui changeront les choses.

Il y a ceux qui veulent faire quelque chose de grandiose, avec pleins de trucs maison, parce que c'est rien à faire et c'est mieux et tout. Sauf que si on met bout à bout ces petits riens et qu'on compte s'y mettre la veille, ça commence à faire un peu beaucoup, et il faudrait s'y mettre la semaine d'avant. Avec des produits frais, c'est pas compatible. On tâchera donc de simplifier au maximum le menu, déjà qu'il faut cuisiner pour quarante, je vous rappelle.

Il y a ceux qui piquent votre verre le jour J. C'est comme ça que débute l'apéro. Le temps de vous retourner s'assurer que tout le monde est bien servi et votre verre qui s'est évaporé, comme par magie. Puisque c'est comme ça on poursuivra au jus d'orange. Il y a aussi ceux qui s'inquiètent de se voir passer les canapés sous le nez sans que vous vous arrêtiez à leur niveau.

Il y a ceux qui s'éclipsent avant le plat principal. Ni vu ni connu, par la porte de service, comme si elle allait chercher du pain, on n'a même pas entendu le moteur démarrer. Mais comme c'est votre voisine de table, vous ne pouvez que constater au bout d'un moment qu'elle a laissé sa place vacante. Elle a certainement pas eu tort, elle a dû flairer le coup!

Il y a ceux qui arrivent en retard et qui n'ont rien compris. Oui parce qu'à quatre heure de l'après-midi, ils ont déjà mangé, eux. Ok c'est un repas à l'heure espagnole, mais ce n'est rien, eux auront droit au dessert. Le pire, je crois, ce sont ceux qui arrivent à sept heures du soir, parce qu'ils n'ont pas pu décliner l'invitation, parce que ça aurait fait trop gros, parce qu'ils se disent qu'ils resteront moins longtemps comme ça, et ils ont tout faux.

Il y a ceux qui, voyant ces nouveaux convives débarquer, proposent naturellement de... prendre l'apéritif!! Alors que vous êtes en train de débarrasser et de vous dire que la fin est proche, vous vous mettez le doigt dans l'oeil et bien profond et jusqu'au coude. Parce que ce sont les emmerdeurs qui viennent de débarquer, ceux que vous avez compté et qui ne sont pas venu manger. Et qui en plus vous font des remarques parce que le service ne va pas assez vite, et font tinter les glaçons dans le verre, pour vous dire que c'est marée basse, qu'on voit les rochers.

Il y a ceux qui ne savent pas partir, et qui curieusement sont les mêmes que précédemment auxquels vous ajoutez ceux qui ont organisé pour vous. Rien n'y fait. On leur dit qu'on range et que non on ne les resservira pas, que la nuit est déjà bien tombée et qu'on s'éclaire à la lumière des phares, parce que non il n'y a pas d'éclairage à l'extérieur, qu'au cas où ils auraient pas remarqué c'est encore en travaux.

Il y a ceux qui vous proposent de manger les restes le lendemain et là, n'importe quelle excuse fait l'affaire: c'est non. Un de vos propres invités vous a gentiment rappelé que demain matin il compte sur vous pour son déménagement, oui vers neuf heure et demi c'est ça. Et qu'en plus que rien n'est fait, il a pas eu le temps.

mardi 22 avril 2008

Dimanche soir

Sur le chemin du retour, au bout de deux heures de route, je suis passé au milieu de tout ça en premier lieu et j'ai trouvé la lumière très belle. J'ai poursuivi ma route machinalement, comme si de rien n'était. Puis finalement j'ai fait demi-tour.

vendredi 18 avril 2008

Je t'aime d'amour

Comme un gosse. De nouveau comme un gosse. Comme à douze ans, mais vingt-cinq ans plus tard. Ça y est elle marche. Nickel-chrome, une affaire. Je viens enfin de m'offrir LA platine disque de mes rêves, des mes rêves d'enfant, de quand j'avais douze ans. Parce que cette platine, depuis que je l'ai vu un jour, pour un Noël, celui de mes douze ans justement, étincelante et racée, je n'ai jamais cessé de me dire au fond qu'un jour j'aurai la même et qu'elle serait à MOI! C'est chose faite depuis peu.

Jusque là, comment vous expliquer ma frustration d'adolescent de devoir me contenter d'un vieil électrophone, un Philips, une torture, qui ne tournait pas à la bonne vitesse, avec un son épouvantable. Comment vous expliquer ma frustration de savoir qu'il y avait dans mon proche entourage cette platine qui ne servait jamais, bien rangée dans son meuble, et qui ne tournait jamais autant, en gros, que les fois où j'étais là. Une platine neuve à la pointe à l'époque, pour ne rien en faire. Quelle tristesse...

Jeune adulte, le vinyl venant de se faire violemment désigner persona non grata dans les rayons des disquaires, nous étions en 1989, parce que, comme le disait Assayas dans son roman Exhibition, non le vinyl n'a pas disparu progressivement des bacs, un beau matin, les rayons de la Fnac ont fait la bascule, une mise en place telle, qui ne laissait qu'une portion ridicule au 33 tours, nous étions en 1989, disais-je, et je me résignais à entamer ma discothèque avec ce nouveau support qu'étais le cd.

Une dizaine d'année plus tard, j'ai enfin trouvé une platine vinyl pour une bouchée de pain dans un dépôt-vente. Une Fisher, pas vilaine, j'aimais son air vintage. Le diamant changé, c'est avec elle que de temps à autres je sortais quelques vinyls. Elle ne me donnait malgré tout pas entièrement satisfaction. Le plateau est réparé avec un trombone qui retient le mécanisme, voyez comment je bricole, mais surtout si pour les 45 tours c'était parfait, la vitesse pour les 33 tours était un peu lente et elle n'a pas de fonction pitch. Faudrait que je change la courroie, peut-être que ça résoudrait le problème. Mais allez trouver ça de nos jours, une courroie! Il y a quelques semaines quand je montrais l'article à différents services de pièces détachées, on me disait, avec un sourire nostalgique et qui ramenait le vendeur lui aussi à ses jeunes années, mais mon bon monsieur, ça fait plus de quinze ans qu'on ne nous demande plus ça!



Ma Vieille Fisher MT6115

La platine de mes rêves, celle que j'aime d'amour, elle est à entraînement direct, donc n'a pas ce problème. Puis elle a une fonction pitch pour régler la vitesse. C'est une Technics, un rêve bien ordinaire finalement. Je viens d'en changer le diamant et elle tourne comme une petite montre. Et de pouvoir enfin écouter mes 33 tours tels que je les ai dans le crâne, quelle joie, tout juste si j'ai pas eu une petite érection...




Ma Technics SL D202

dimanche 13 avril 2008

Saturation

Demain, il va falloir recommencer. Le réveil, se lever, deux semaines à rattraper, de wagons à raccrocher. Peur qu'elles ne se ruinent un peu trop vite. Il va falloir embrayer, changer de braquet, se remettre dans le rythme, ça va faire tout bizarre au début. Bon sang qu'est-ce qu'elles m'ont fait du bien ces deux semaines! Changer d'air, marcher, et encore marcher sur les pavés d'une ville qui s'est offerte à force de l'arpenter, de débusquer ses milles richesses, il y en a tant d'autres à côté desquelles je suis passé. Marcher parce que le métro c'était pas la peine. Parce que les distances pouvaient s'envisager à pied. Des expos, des glaces à tous les coins de rue. Enfin des marchands de glace à tous les coins de rue... Mitrailler comme un touriste japonais au point de saturer la carte. 404, oui 404 photos à trier c'est un peu absurde, je sais. Si la mémoire n'avait pas été pleine je ne sais pas où je me serais arrêté, j'aurais continué sans doute. Mais stop, plus de place! Bizarre tout ça, remplir (d'images) pour se vider (la tête). La nature a horreur du vide à croire. Puis il faut songer à regagner la gare pour l'aéroport. Rentrer, retour au point de départ. Revenir au même endroit, reprendre sa place, mais différent.
La dernière photo:


Coquelicots - Forum, Rome.

samedi 5 avril 2008

Ocytocine

Un peu décidé ça à la dernière minute, puis ça m'a fait du bien d'y aller. Bordeaux a changé. Moi aussi, je me rends compte. Que cherchais-je ce jour là au juste? Un passé sur lequel il ne sert à rien de revenir, une vieille habitude pour tuer le temps. La ville bouge, mue. Des quartiers insalubres de Mériadeck rasés, poussent des immeubles qu'on doit vendre au prix de l'or le mètre carré. Les changements incessants d'enseignes rue Porte-Dijeaux. Certains commerces qui fleurissaient ont purement et simplement disparus. Allez trouver un photographe, un vidéo club, de la Hi-Fi, une papeterie: ça n'existe plus! A la place: des banques, des agences immobilières, des boulangeries industrielles... Eu comme un serrement au coeur en rentrant à la Fnac. L'époque de la profusion est révolue, on se demande même si elle n'est pas au bord du dépôt de bilan. Le rez de chaussée est vide, les rayons disque et dvd ont encore cédé de la place, sans parler de la Hi-Fi sur le point de disparaître. L'immensité de la surface soudain ne sert plus à rien. On cherche par tous les moyens à masquer le vide. Oui une page est tournée.

Il faisait gris ce jeudi, j'ai eu du mal à trouver une place. Je n'ai pas pris la photo rue Causserouge, le soleil n'ayant apparu que sur les cinq heures. Je n'ai pris aucune photo en fait. Une après-midi incognito, débarqué sans prévenir, à marcher, flâner, aller au cinoche. L'Utopia toujours là, le blondinet à la caisse avec de larges cernes sous les yeux et le regard bien embrumé pour trois heures après-midi, un serveur qui m'apporte un café à la place d'un Schweppes... On passera rapidement sur Darjeeling Limited. Le frisson en revanche, ce fut Lou Reed Berlin. Le concert et seulement le concert filmé.

You were five foot six inches tall
It was very nice
Candlelignt and Dubonnet on ice...

Je n'ai pas pu voir le spectacle lors des quelques dates de la tournée l'été dernier, on corrige le tir comme on peu. Je suis sorti de la projection heureux et léger, baigné d'ocytocine. J'ai senti la douce volupté de mon pelage hérissant, mes jambes flageolantes. Je regagnais la voiture, la tiède douceur d'un rayon de soleil dans les yeux. Je n'irai pas voir Alela Diane qui jouait ce soir là à Barbey, après ce que je vais de voir, à quoi bon, pour trouver ça fade. Mis la clef dans le contact, Lee Hazlewood. Ai pris le chemin du retour, on m'attendait là-bas.