Time Fades Away

dimanche 27 juillet 2008

Histoire belge

Je suis descendu du tramway, il devait être 20h25. Sur le billet il était marqué le 16 juillet, Bozar, Bruxelles, 20h30. Juste le temps de me faufiler d'un pas véloce jusqu'à l'orchestre sans trop d'obstacle, tout le monde était déjà assis, et de repérer le fauteuil rouge vacant. Juste le temps de m'asseoir d'entendre un instant le brouhaha de la salle, de me poser de ma hâte, 20h35, les lumières s'éteignent: applaudissements. Deux places devant moi sont vacantes, la vue est dégagée. Bob Ezrin fait son petit laïus sans trop d'inspiration, 37ème ou 47ème représentation, je ne sais plus, etc.

Les premiers accords de guitare d'une chanson triste, le décompte, happy birthday to you, nous y sommes: le piano, les premières trilles, le frisson d'emblée, le long des bras, le long du dos jusqu'à la nuque, et qui irradie même jusqu'aux mâchoires.
It was very nice
Candlelight and Dubonnet on ice

Je suis là au plus près, le miracle est là, à portée de main, près, si près qu'il est tentant de vouloir le toucher, le saisir, l'étreindre. Mais c'est illusoire, pensez donc: capter un courant d'air!

Le deuxième morceau sonne la charge. Les deux fauteuils devant moi se remplissent. Par ici, en terme tauromachique, on dirait qu'ils ont loupé le premier toro. Pas de bronca, laissons les s'installer, regretter ce qu'ils ont manqué. Le groupe est en forme, une putain de forme, et Steve Hunter comme tétanisé à sa guitare part dans une transe, l'étire à l'infini, et le choeur de remettre sans cesse ces No no no, Oooh Lady Day. Ca n'en finit plus, le morceau enfle, double, triple peut-être, on est au bord de l'éclatement, et je commence à avoir des craintes quant à la structure et la cohérence de l'ensemble.

Les premières notes de piano qui ouvrent le morceau suivant sont en tout point fidèles à l'enregistrement d'origine, puis l'intro dure... les musiciens s'enlisent! And me? I just don't care at all. Oh que non! Le cauchemar vient de réellement commencer. Jouer Berlin pour la j'ai pas bien retenu le nombre de fois, mais je m'en moque bien pas mal, dans l'ordre avec les arrangements d'origine est un exercice qui visiblement commence à ennuyer passablement Lou Reed. Lassé de la reproduction fidèle et de l'application scolaire des premières représentations données fin 2006, immortalisée dans le film de Julian Schnabel, c'est une entreprise de déconstruction et de démolition (du mur) de Berlin qui nous est proposée. Et c'est insupportable, et ça met les nerfs à rude épreuve de ne plus reconnaître How Do You Think It Feels, ou de laisser s'infiltrer combien de solos dans Oh Jim au point d'en perdre la trame.

Juste un moment de répit le temps d'un Caroline Says II fidèle à l'original, pour se préparer au final, à la triade, mais le passif est trop lourd, et le putain de batteur Tony "Thunder" Smith réussit à massacrer The Kids en couvrant les pleurs d'enfants, qui en plus tombent, comment s'est-il démerdé, à côté du tempo. Et je ne vous parle pas de The Bed où Lou Reed, vindicatif, s'obstine à monter la voix et se montrer menacant pour lancer ces What a feeling. Sad Song clôt l'ensemble avec un final rallongé à l'extrême. Pas de quoi pavoiser le long des 90 minutes, soit deux fois plus que la durée totale originale du disque.

Et pourtant la salle s'est levée d'un seul coup, applaudissements à tout rompre, j'ai pas bien compris. Que ce genre d'exercice d'impro se fasse sur le rappel ne me gêne en rien en revanche, je dirais même que c'est ce que j'ai préféré. Quatre titres: Satellite Of Love, Walk On The Wild Side, Rock'n'Roll et un nouveau titre Power Of The Heart.
Mais pour le reste? Personnellement de quoi vous dégoûter à remettre Berlin chez vous pour un bon de temps!
Je repris le tramway, way up to Mars...

dimanche 20 juillet 2008

Interlude


Bruxelles - Boulevard Anspach
Finalement, pas mieux pour le moment.

lundi 7 juillet 2008

Evil urges

On se serait crus dans une émission de Delarue. On parlait bouffe et resto, on polémiquait une fois de plus sur celui du casino. Certes on est bien assis, certes le cadre et la vue sont magnifiques, certes on peut s'en mettre plein la lampe à s'en faire péter la sous-ventrière si on veut. Mais se lever pour aller au buffet rompt un peu le charme.
Ce qui l'a affolée c'est que ce soit le resto du casino. Sont remontés à la surface des souvenirs qu'elles avaient enfouis, une mauvaise passe. Ou comment l'une sans histoire et très propre sur elle, l'air de pas y toucher avait entraînée l'autre. Comment toutes les deux avaient plongé, pièce après pièce, à la recherche de la montée d'adrénaline. Comment elles avaient pris le vice, comment il les avait conduit à leur perte. L'illusion de gagner, la certitude de perdre, la mauvaise habitude, les superstitons, les machines plutôt que la roulette, les heures d'ouverture guêttées. L'argent qui tinte dans la coupelle et s'évapore l'instant d'après. Les dettes accumulées qui les rattrapent une fois rentré.
Il y avait quelque chose de grisant à écouter leur mésaventure et de touchant à voir ces deux dames soudain si vulnérables. Comment elles s'étaient découvertes un vice et comment elles l'avaient combattu. Oh bien évidemment que cela ne m'arriverait guère... mais en y regardant un peu plus près, et toute proportion gardée, je me rendis compte que le caractère compulsif de ma recherche de vinyls commençait à prendre une tournure déviante.


Evil urges. Ou comment revenir sur Terre sans se crasher après avoir franchi les sommets. On ne plus être exactement le même après avoir tutoyé la perfection avec Z le précédent album. Quelques extraits du dernier My Morning Jacket ici.