Time Fades Away

dimanche 28 octobre 2007

This Is Tim Hardin

Je devais avoir quinze ou seize ans. On m'a demandé ce que je voulais prendre à l'apéro et crânement pour faire comme tout le monde j'ai répondu: un whisky, sec, sans glace, comme dans les films. On m'a regardé avec étonnement. On m'a servi un baby. On a surtout observé ma réaction au moment où je portais le verre à mes lèvres. J'ai fait la grimace, je me suis abstenu de tout recracher. Me suis tout d' mêm' demandé comment on pouvait bien avaler ce breuvage au goût pharmaceutique et quel plaisir on pouvait bien tirer de sa dégustation. Mes papilles sensibles n'étaient pas prêtes. Ça a changé depuis. J'ai eu un deuxième moment important dans la découverte du whisky quand un soir de virée entre potes, le barman d'un pub anglais, Le Golden Apple, aux Chartrons à Bordeaux, nous fit découvrir ce soir là les Knockando, les Glen Garioch, les Lagavulin... J'ai toujours un faible pour le Lagavulin 16 ans d'âge notamment...

On n'entre pas dans la musique de Tim Hardin comme ça, d'un seul coup. Il faut commencer par tamiser la lumière, se verser un whisky le cas échéant, et se laisser porter. Au tout début, les écoutes sont ingrates, avec l'impression que toutes les chansons se ressemblent, qu'aucune ne se détache du lot. On a envie de tout recracher, et même de ne jamais renouveler l'expérience. Et pourtant on y revient sans bien savoir pourquoi. Au tel point que ses disques sont devenus au fil du temps comme des amis. Et des pépites finissent par apparaître au fil des écoutes.

Auditionné pour Columbia au début des années 60, cet ancien des Marines ne décrocha aucun contrat au départ. C'est Verve qui le signa et lui permit de publier ses deux premiers albums, sobrement intilulés Tim Hardin 1 (1966) et Tim Hardin 2 (1967). Beaucoup y trouveront leur compte en reprenant Misty Roses (Colin Blunstone), If I Were A Carpenter (Bobby Darin), Black Sheep Boy & The Lady Came From Baltimore (Scott Waker). On compte aussi Nico parmi ses interprètes avec Eulogie To Lenny Bruce qui conclue son premier album Chelsea Girl.

Atlantic Records exhume alors des chansons de ses premières démos des sessions Columbia sous le titre This Is Tim Hardin. Pour finir de fructifier son investissement Verve publie en 1968 un enregistrement live de sa performance à Town Hall, NY, sous le nom de Tim Hardin 3 (1968). De plus en plus dépendant de la boisson et de l'héroïne, il abandonne progressivement les concerts et se voit publier des albums contre son gré puisque Tim Hardin 4 (1969) rassemble la suite des fameuses sessions Columbia, pourtant pas digne d'être publiées au moment de leur enregistrement en 1964.

La suite est une lente descente aux enfers. Il traîne avec Bob Dylan, qui lui rend hommage ou tout du moins à son grand père, John Wesley Hardin (sans g!!), assassin gentleman, le temps d'un album. Échecs critiques et commerciaux auxquels vient s'ajouter un douloureux divorce, précipitent sa déchéance. Il est retrouvé mort d'overdose le 29 décembre 1980, il avait 39 ans. Seul témoignage qui reste de lui sur la toile: son passage à Woodstock. Un seul disque à recommander: Hang On To A Dream: The Verve Recordings qui regroupe les albums Tim de 1 à 4 à l'exception du 3, et une bonne poignée d'inédits de la période en plus.

vendredi 26 octobre 2007

Nouvelle Star

Je le rumine depuis lundi soir. Beaucoup ont déjà écrit et en parcourant un peu tous les avis j'ai trouvé des éléments de réponse à mes questions. Pourquoi est-ce que ça cloche avec Guy Môquet? Pourquoi lundi soir, entre la poire et le fromage sur France 2, je me suis retrouvé à lever les yeux au ciel en me voyant proposer ce vidéoclip très tape à l'oeil, avec ce côté rétro moderne qui plaît tant (Amélie Poulain, Les Choristes...), qui amplifiait le pathos du texte, dont en plus des lycéens, on nous a servi la lecture.
Une chose est claire: on préféré jouer la carte de l'émotion que de la raison et de la réflexion sur les circonstances qui ont mené à la mort ce jeune homme. Pourquoi parler de Guy Môquet, un peu sorti du panier, plutôt que d'autres résistants: après tout Jean Moulin aurait très bien fait l'affaire et a eu rôle probablement plus déterminant pour l'histoire du pays.

On a voulu nous vendre un produit. On a cherché une cible: la jeunesse et son cerveau tendre, son avidité pour la nouveauté et le superficiel. En bon marketing, on lui a taillé sur mesure un nouveau héros, une référence à qui elle pourrait s'identifier en se souvenant de ses jeunes années de lycée. On a voulu lui rappeler des valeurs, celles du courage, du sacrifice, de la dignité, du patriotisme comme modèle. C'est un peu le retour de la fameuse leçon de morale, qui débutait les cours du temps de nos parents ou grand-parents.
Je n'aime pas l'usage qu'on a fait de cette lettre. Un tel galvaudage de ce témoignage poignant, une lettre d'adieu d'un jeune militant sur le point de se faire fusiller, qu'on érige en nouveau symbole, finit par lui enlever toute sa dignité. Il faut se garder de faire un raccourci entre le courage face à la mort, le sacrifice de sa vie pour ses idées et l'amour de la patrie. On va finir par confondre le vidéoclip de la lettre de Guy Môquet et cette vieille réclame où on faisait la morale au jeune Guy Degrenne.

Plus que jamais rester sur ses gardes et faire attention quand on cherche insidieusement à nous donner des modèles, nous y faire adhérer, nous manipuler au besoin pour y parvenir: nous endoctriner. Finalement, entrer en résistance est toujours d'actualité.

jeudi 18 octobre 2007

Le facteur n'est pas passé??

Non je n'ai fait pas grève. J'étais bel et bien bosser aujourd'hui, faut bien ramener l'beafteak. Pas de grandes perturbations visibles ici, si ce n'est que la gare était déserte ce soir, ce qui était finalement bien pratique pour retirer un billet à l'automate. Le facteur n'est pas passé?? Ben quand je suis rentré j'ai pu constater que si!! Et j'ai eu du mal à retenir un petit rire nerveux quand j'ai vu le contenu de la boite à lettre...


T'es pas bien, qu'on m'a dit! Amusant, non? Ce soir j'ai eu l'impression que c'était déjà un peu Noël.
L'autre jour je disais à la Poulich' que j'attendais quatorze disques dans les deux semaines qui venaient. Soit un par jour en moyenne. C'est un peu déraisonnable, je sais. Mais c'était sympa comme plan, un disque nouveau par jour qui arriverait par enchantement. La semaine dernière, j'en ai déjà reçu un premier lot de huit d'un coup, dans un même colis. Ce soir je crois que le compte est bon. Ça va me prendre un peu de temps pour assimiler tout ça. Et que c'est pas fini parce qu'il y en aura bien trois ou quatre qui vont sortir et me manquer dans les jours qui viennent.

Mais par esprit de contradiction, comme si ça ne me suffisait pas, c'est In Rainbows que je suis allé télécharger ce soir, bouleversant mes habitudes parce que je me suis offert le premier album virtuel de ma collection. Pas de pochette, pas d'artwork, des fichiers mp3 (sexy non?) que j'ai gravé à la va vite pour pouvoir écouter ça dans la bagnole ou en haute fidélité, parce que n'allez pas me dire qu'on peut écouter de la musique sur avec un ordinateur, des hauts parleurs comme des biscottes, et leur son de plastoque.

mercredi 10 octobre 2007

Le collector de l'année

Le must de cette rentrée, c'est Sojourner le superbe coffret en édition limitée de Magnolia Electric Co. Tiré à 5000 exemplaires en tout et pour tout, et destiné à être vendu après les concerts, on peut tout de même se procurer un exemplaire en ligne avant que les prix ne deviennent trop extravagants (je l'ai déjà vu proposé à plus de 100€...).



Mais que trouve t'on une fois ouverte la boite, me direz-vous?



Un poster, frise idéale pour décorer une chambre d'enfant. Cinq cartes avec des peintures originales très très très jolies qui présentent les différents disques (oui parce qu'il y a des disques: c'est ce qui fait son attrait à l'origine). De quoi remplir trois albums avec l'intégralité des sessions Nashville Moon, Black Ram, Shohola et un EP Sun Session. Il y a un an, Fading Trail proposait neuf chansons extraites de ces différentes sessions. De quoi développer la multiplicité des visages de cette formation à géométrie variable qui a pour constante Jason Molina. Il y a aussi un DVD documentaire sur la vie en tournée, avec de très belles images. En voici un extrait.




Mais, le clou, c'est la bourse de velours noir.



Et dedans ya le truc fashion qui tue: le pendentif Magnolia Electric Co.!! Que manque t'il pour parfaire l'ensemble: un frisbee, un tube de crème solaire, un paréo? Ou mieux: un assortiment pâtés, rillettes, bloc de foie gras et vin blanc.

A moins que le titre de collector de l'année ne lui échappe au profit de celui-ci.

dimanche 7 octobre 2007

Amniotique

Je ne sais pas pourquoi, mais ce sont toujours les mêmes références que je vais essayer d'éviter de répéter, qui sont reprises pour décrire la musique de Patrick Watson. Son album Close To Paradise, qui a mis en gros douze mois pour arriver par chez nous et qui a déjà collectionné toutes sortes de prix et de récompenses, est déjà un classique. Il se dégage de cet univers amniotique, un parfum onirique dans lequel, adepte de repli foetal qu'on le veuille ou non, on prend rapidement plaisir à se laisser bercer et se mouvoir.

Illustration avec trois extraits.





vendredi 5 octobre 2007

En finir avec la mort

On a tous quelque chose de plus ou moins intéressant à dire sur la mort. Parce qu'on ne sait pas très bien de quoi il s'agit en fait, à part que biologiquement parlant un être vivant vient de pousser son dernier souffle. Qu'elle fascine parce que ceux qui restent se sentent un peu démuni face au vide définitif qu'elle laisse. Que c'est quelque chose à laquelle on ne réchappera pas soi-même, et qu'à moins de partir avant, on sera forcément un jour touché par la perte d'un être cher.
D'abord il y a la peine face à l'absence, aux souvenirs qui deviennent douloureux. D'un côté il y a les gestes de sympathie de l'entourage. De l'autre, quand on se retrouve seul, le travail de deuil pour accepter la nouvelle donne et rendre tout ça moins pénible au fil du temps. Mais le plus important c'est de continuer à faire vivre celui qui n'est plus là en n'oubliant pas qu'il a été des nôtres.