Time Fades Away

mardi 29 janvier 2008

Classement vertical


Water
Paris, la Seine, 11 novembre 2007

Closing Time

Il est des choses qu'on remet au lendemain. Qu'on se réserve pour plus tard. Quand on aura le temps, qu'on pourra le prendre, qu'on pourra pleinement s'y consacrer, démêler tranquillement les choses, tout remettre dans l'ordre, en prenant soin de commencer par le commencement. Le temps d'oublier aussi, pour mieux y revenir et se dire "ah ouais c'est vrai, j'avais oublié". C'est un peu ce qui s'est passé, douze ans déjà, novembre 95, le jour où j'ai découvert cette compilation hommage. Du beau monde qu'il y avait: Tindersticks, Drugstore, Pete Shelley, Alex Chilton, Magnapop, Jeffrey Lee Pierce pour ne citer qu'eux. Step Right Up qu'elle s'appelait. A l'époque, je vivais à Bordeaux, dans un petit studio sombre au quatrième étage, avec vis à vis, plein nord, au fond d'une petite cour. Mais je l'aimais bien ce petit appart minable, peut être parce que c'était mon premier vrai chez moi. J'avais fini mes études, je vivais au coup par coup. J'attendais d'être gentiment rappelé à l'ordre sous les drapeaux quelques mois plus tard, de quitter mon antre et par là même définitivement ma vie bordelaise. Mais à ce moment là, je ne le savais pas. Je me disais en écoutant ce disque, qu'il faudrait un jour songer sérieusement à explorer la discographie de Tom Waits. Une de ces choses qu'on se garde pour ses vieux jours, comme je m'en garde d'autres dans l'espoir d'une bonne surprise.


Sans faire un pli, j'ai décidé de faire main basse sur ses dix premiers albums. Dix d'un coup ça fait beaucoup, donc je me suis concentré ces deux dernières semaines sur les trois premiers: Closing Time (1973), The Heart Of Saturday Night (1974), Nighthawks At The Diner (1975). Finalement la première chose qui vient comme une évidence c'est que j'ai toujours couru après lui en le cherchant au travers des Tindersticks, Lambchop, The National ou Marianne Faithfull pour ne citer qu'eux, tant la parenté est évidente. La deuxième révélation c'est la voix incroyable du jeune Tom Waits, pleine, chaude, claire, un vrai rêve... avant de devenir celle qu'on connaît maintenant grave, rocailleuse, abîmée, plus lourde à pousser, plus proche du jappement par endroit. La troisième chose c'est le romantisme des débuts, qui au fil des albums prend une direction différente, et parallèlement sa voix, des intonations nouvelles.

Puis si vous avez une quarantaine de minutes à perdre, venez vous en rendre compte par vous-même avec quelques larges extraits d'un show télévisé, Soundstage, qui lui fut consacré en 1976.


Eggs & Sausages


Semi Suite
Diamond On My Windshield



Drunk On The Moon
Better Off Without A Wife



Nighthawk Postcards


The Heart Of Saturday Night


San Diego Serenade

On ferme.

jeudi 24 janvier 2008

2008: année du pouvoir d'achat

P: Tiens, je vais à Nîmes le week-end du 15 juin.
SM: Ah tu vas voir Radiohead. C'est con, toi qui aimes pas!!
P: Euhh... Euhh... Mais j'ai les places, moi!
SM: Tout'façon, pouvais pas y aller. Grrr!!

Ca va se passer comme l'an dernier, je le sens venir gros comme une maison. J'ai commencé à fureter à droite à gauche pour voir où je pourrais aller voir un concert dans les prochains mois. Pas grand chose au programme à vrai dire. Et les deux seuls qui me tentent tombent des samedis où je bosse comme par un fait exprès. Voyons voyons: un aller-retour jusqu'à Nîmes, 100€, la place 50€ à la louche, rajouter une nuit d'hôtel. Je viens d'augmenter mon pouvoir d'achat de 200€ au bas mot, mine de rien.
Donc, la bonne excuse, je peux me lâcher sur les prochaines sorties de disques. Sauf qu'en y regardant de plus près, l'année commence un peu chichement et le nombre d'albums dont la sortie m'excite un peu, se compte sur les doigts de la main. Et encore. Pour tout vous dire je n'ai acheté que deux albums depuis le premier janvier. Deux petits albums pour janvier, qui n'est pas fini certes. Encore un point de plus dans la défense du pouvoir d'achat. Deux. Enfin trois, puisque j'ai pas pu résister tellement je l'aime, et me suis fendu de l'exemplaire officiel d'In Rainbows, tellement j'ai peur d'abîmer mon boxset. Puis trois c'est un nombre impair. Les deux autres?

Amours Suprêmes Daniel Darc, que j'espère voir, puisque ma conversion inconditionnelle à Crève-coeur a coïncidé avec la fin de sa précédente tournée. Me suis réveillé un peu tard sur ce coup. J'avais hésité à le prendre à sa sortie, et puis il a fallu les recommandations d'un ami dix huit mois plus tard pour piquer à nouveau ma curiosité et me décider à franchir le pas et enfin l'écouter. Et ce fut la claque. Sinon je piste Bashung, mais je m'égare.

L'autre c'est Jukebox Cat Power, deuxième disque de reprises à son actif, plus acceuillant à première vue que le Covers Record. Avec un florilège des meilleurs aux programme: Sinatra, Hank Willians, Dylan, Billie Holiday, Joni Mitchell, Nick Cave pour ne citer qu'eux. Tiens ben pour voir si je continue à déraper, je pourrais essayer de tenir un bilan mensuel de mes acquisitions. Une idée.

Bon allez, je vais tout vous dire, comme l'actualité musicale est aussi florissante que le désert de Gobi, j'en ai profité pour explorer de plus vieux trucs, un vieux projet, un truc que je me gardais pour plus tard quoi, et faire une razzia sur la discographie (Ah ouais: dix albums tout de même!! Ouais mais c'était l'occase ou jamais, pas cher et tout) de... mais on en parlera plus longuement dans pas longtemps. Ah! Bravo!

dimanche 20 janvier 2008

Double menton et gros nichon

Il y a une quinzaine d'année, je me souviens avoir été fort impressionné par Little Odessa, le premier film de James Gray, que je n'ai pourtant jamais revu depuis. James Gray a toujours la côte des critiques, avec seulement trois films à son actif. Je garde un souvenir moins précis de The Yard, puisque j'ai lamentablement piqué du nez devant. Mais que voulez-vous, un film en dvd, vautré sur le canapé, ça représente un certain handicap. Je n'ai même pas cherché à le visionner une seconde fois avant de le rendre, comme quoi, si j'ai opté pour la sieste à la place, c'est qu'il y avait déjà un problème.

La Nuit Nous Appartient , son troisième film commence fort: une espèce de bimbo se chatouille le bas du ventre, et tandis que son amant la pelote, elle laisse saillir un sein lourd à l'aréole trop large. Beurkk!! Je n'ai jamais ça trouvé beau, ça fait vache laitière, ou que ne sais-je. Une vague histoire de frères ennemis, l'un, le bon samaritain, Mark Wahlberg, est policier, l'autre, la brebis galeuse, Joacquin Phoenix, gérant de boite à la mode qui héberge tout genre de petits trafics. Le bon demande au méchant de l'aider à coincer tous ces pairs parce que c'est pas bien tout ça, puis au bout du compte le méchant va aider le bon pour venger le papa qui était lui aussi un bon, puisque flic. Le tout sur fond de maffia russe, décidément très à la mode ces temps-ci, avec Cronenberg pour ceux qui auraient pas suivi.

N'allez pas voir ce film. A part une course poursuite en bagnole sous la pluie, on finit par s'ennuyer gentiment. On reconnaît à peine Joacquin Phoenix, qui interprétait déjà un Johnny Cash cul-cul-la-praline dans le finalement un peu nunuche Walk The Line, et qui s'est depuis laissé pousser le double menton et a pris, l'air de rien, vingt kilos. Comment ça , j'exagère??
Avant:


Après:


On se demande que fait Eva Mendes, la bimbo du héros, sinon la potiche. On aurait supprimé son rôle au montage, on l'aurait pas trouvé de manque. On se dit au départ qu'elle doit bien avoir une fonction dans l'intrigue, tout de même, bien mineure à vrai dire, à part rouler des yeux et s'enfoncer un doigt... Mais je cherche toujours lequel. On se dit que c'est elle, la plaque tournante, l'agent double, celle qui va trahir, tant on insiste à nous la montrer avec de mauvaises fréquentations, à nous l'exhiber au bord de la crise de nerf, tout en désarroi intérieur. Pire, elle finit par quitter Joacquin Phoenix et le film par la même occasion, en laissant une lettre, qu'il ne prendra même pas soin d'ouvrir. Alors on se dit que le film va enfin rebondir, avec cette lettre non décachetée. Et bien non!
Ou c'est moi qui ai rien compris.
Si James Gray continue de tourner à cette cadence, son prochain film est prévu pour 2015... sans moi.

dimanche 13 janvier 2008

Cinéma parlant

Je suis retourné voir I'm Not There cette semaine. Je crois que ça ne m'est jamais arrivé de retourner voir un film en salle à quelques semaines d'intervalle. Je reste très impressionné par la performance de Cate Blanchett qui a la lourde responsabilité de couvrir la période du passage à l'électricité et de la tournée anglaise de 65, et qui réussit une incarnation dylanienne parfaite. Mention spéciale aussi à Juliana Moore qui interprète un personnage facilement assimilable à Joan Baez, qui fit en gros débuter Dylan et qui sera bien malgré elle la grande éconduite. Les références et les dialogues empruntés à Don't Look Back sont nombreuses, oui parce que dans la foulée j'ai embrayé sur le documentaire de Pennebaker qui retrace cette fameuse tournée anglaise, qui me démangeait depuis longtemps. D'ailleurs un truc m'échappe dans ce film: Pennebaker ne filme que les prestations acoustiques guitare/harmonica alors que qu'il y avait une partie électrique, avec un groupe qui accompagnait Dylan, et dès qu'il montait sur scène, le silence religieux de la salle se muait alors d'un coup en murmure grandissant laissant éclater son mécontentement, fuser les sifflets, jeter les insultes et tout et tout. Il suffit d'écouter le Live At The Royal Albert Hall, Bootleg Series N°4, enregistré à Manchester, it's obvious dear, pour être le témoin de ce saisissant contraste. Je pense qu'on va en rester là avec Dylan pour un petit moment.


Revenons en quelques lignes sur les autres films retenus pour l'an dernier.
"Quand Lynch fait du Lynch", ce n'est pas de moi, mais quel sens de la formule! Il me tarde de revoir un jour Inland Empire, sans pour autant lui courir après à nouveau. Le film est sorti en plein milieu de l'hiver, en janvier, et j'ai patiemment guetté une projection dans la région pendant quasiment six mois. Six mois, semaine après semaine à pianoter sur le net pour chercher où il était projeté et si je pourrais m'y rendre. Manquant de peu les dernière séances de l'Utopia à Bordeaux en avril, je m'étais fait à l'idée que c'était cuit pour le voir en salle, et que image crade pour image crade, je materai ça en dvd. Puis un miracle, en cherchant à amortir un passeport de la Fête Du Cinéma, je découvre qu'il y aura deux séances, pas une de plus, dans le département, en juin donc. Content!!


Il y a quelques faiblesses dans le scénario des Promesses De L'Ombre. Mais ça saigne bien, dès les premières minutes. On peut trouver Naomi Watts un peu fade, Vincent Cassel à la limite du supportable, les blinis trop gras, la vodka pas assez frappée, soyons sérieux, Viggo Mortensen est le principal attrait, rien que pour sa composition de valet qui veut jouer dans la cours des grands.


Comment peut on aimer un film qui a toujours eu la grosse côte d'amour des spectateurs, La Vie Des Autres pour ceux qui auraient pas suivi, qui pour vous dire, à la fin de la séance à laquelle j'ai assisté, s'est vu applaudir, oui applaudir... au cinéma, vous ne rêvez pas... non seulement c'est rare, mais en plus je n'en vois pas l'intérêt, par la salle entière! Une forme de snobisme sans doute. Ou bien c'était l'anniversaire du projectioniste.


Tarantino en VF, ça vous dit? C'est pourtant ce qui m'est arrivé. Le film a réussi à dépasser ce handicap: c'est qu'il doit pas être si mauvais que ça. Et c'est toujours mieux que de revoir un épisode de, parce que ça n'a pas très bien vieilli en revanche, Shériff Fais Moi Peur.

vendredi 4 janvier 2008

C'est la faute à Dylan

J'ai mis plusieurs années à venir à Dylan. Je n'avais alors pour lui que le plus profond mépris, sur la foi de quelques idées reçues. Jamais un sourire sur les photos, toujours la gueule, suffisant, désagréable, un peu trop sûr de son talent, prenant bien facilement les autres pour des cons...
J'ai dû me mettre à l'évidence d'être passé à côté de quelque chose le jour où j'ai découvert Highway 61 Revisited, et me suis mis à rattraper le retard dare-dare. Les années soixante bénies, le folk protest song de 62 à 64, The Freewheelin', The Times They Are A-Changin', Another Side Of Bob Dylan. Le pacte avec le diable et la guitare électrique dès 65, Bringing It All Back Home, Highway 61 Revisited jusqu'au vol plané en moto de 66 peu de temps après la sortie de Blonde On Blonde, on ne sait pas où ça se serait arrêté sinon.
J'ai encore eu quelques réticences pour aborder la suite, John Wesley Harding, ok, Nashville Skyline... plus déjà tout à fait ça. Pourtant isolé au beau milieu des 70's, reste un chef d'oeuvre: Blood On The Track. Sceptique à la première écoute, et un peu vite bien rangé de longs mois sur l'étagère, j'en suis en fait accro, et m'en remets une louche quotidienne depuis trois semaines. Sur le fil du rasoir, une histoire qui se termine, une séparation, un divorce, Dylan n'a jamais été aussi touchant et émouvant. Pour la peine on s'en remet une, je ne m'en lasse pas Tangled Up In Blue une fois de plus.



A force de pister pour arriver à visionner une copie de l'objet tant convoité, j'ai enfin pu mater I'm Not There. Ca scotche. Un des cinq meilleurs films de l'année passée.

mardi 1 janvier 2008

Lendemain de fête

Retrouver de vieux amis autour d'une table est toujours un plaisir. Partager un moment ensemble près du feu, avec quelques bonnes bouteilles: raconter, rire et manger. Donner un peu de soi, recevoir des autres. Le temps qui file, les plats qui défilent, les bouteilles qu'on s'enfile, la bonne humeur qui se profile.
Un peu plus tard dans la nuit, réveil précoce, la tête lourde, la langue pâteuse, la soif tenace, et nulle position qui ne satisfasse. On n'est plus à la fête, les regards sont graves, les mots se font rares. Mal ensommeillé, les brumes ont du mal à se dissiper, le givre nous fait grelotter. Se prendre le chou pour un rien. Ou comment l'air de rien transformer l'allégresse passée, en sanglots inquiets.

J'allais oublier: bonne année!!