Time Fades Away

dimanche 22 novembre 2009

De La Fossette à La Musique/La Matière


Il ne se passe pas grand chose par ici. Alors quand une de nos vieilles idoles vient à y fouler le sol, on va lui rendre visite, il va de soi. Ce n'est pas la première fois que je vais voir Dominique A, loin de là. La dernière fois c'était à Barbey en mai 2006 avec un certain Monsieur Cre, je n'ai manqué qu'une seule tournée, celle du live de 2007. Nous avions failli nous séparer à l'époque, chacun son chemin. Nous avions fait un bout de route ensemble et paradoxalement L'Horizon semblait être le terminus. Or début avril, bonne surprise, un double album La Musique/La Matière a mis de côté ces réserves.


Il est 22h05 quand il monte sur scène accompagné de trois musiciens: batteur, claviers et guitariste/claviers. Ça commence par Le Sens, comme sur le disque. Au programme la majorité de La Musique, la moitié seulement de La Matière, quelques nouveaux titres (Gisor et Manset) du Kick Peplum EP, des titres plus anciens venant principalement d'Auguri (En Secret, Le Commerce De L'Eau), Tout Sera Comme Avant (Revenir Au Monde), La Mémoire Neuve (Le Métier De Faussaire), remontant jusqu'à La Fossette.

Je suis au second rang, assis, puisque la salle le veut ainsi, au pied du micro comme d'habitude. La tourmente, le mauvais sommeil des jours précédents, la fatigue accumulée, ma vision se brouille, je me sens bizarrement léger, comme dans un état second, dans un halo de brume, doux et cotonneux. Le concert prend, la salle réagit chaleureusement. Le groupe va à l'essentiel, jour serré, précis, le set est nerveux, tendu, les mains moulinent comme si la guitare faisait remonter l'électricité.

Puis il y eut ce morceau, Sous La Neige, que des synthés, des boucles, le texte: "Nous marchons sous la neige/ En nous tenant le bras..." ressuscité, tel qu'on pouvait l'entendre sur La Fossette et qui m'a renvoyé dix sept ans en arrière. Je me suis revu assis sur le lit, dans ce studio sombre au quatrième étage, sous les toits, plein nord avec vis à vis, le soleil n'y entrait jamais. Je me suis revu adossé au mur couvert de toile de jute ocre un peu passée, le lit dans un coin, moi assis dessus et comme avec la tête qui tourne, le bureau, une planche deux tréteaux, la kitchenette sur la droite, le jonc sale dans l'entrée mais à qui cette couleur ocre donnait un semblant de chaleur et rendait la pièce presque acceuillante, la salle de bain, une cabine en plastique à laquelle on accédait par une marche trop haute, tout droit sortie de 2001 l'Odysée De l'Espace.

Mais plus que l'appart, c'est de la vie que je menais à l'époque, les amis que je côtoyais certes, mais aussi les moments plus sombres de solitude, des disque qui m'ont sauvé la mise, et de la radio par laquelle je les découvrais dont je me souviens. De Bernard Lenoir que j'écoutais tous les soirs, de cette émission en janvier 92 il me semble, avec Arnaud Viviant qui nous avait présenté ce jeune artiste qui avait bidouillé un disque, tout seul, chez lui, la voix de Barbara avec un vieux Casio et le robinet d'eau froide pour un peu d'ambiance. Ce soir là deux titres de La Fossette furent été diffusés, Va T'en et Le Courage Des Oiseaux, et ce fût le début de l'histoire.


La salle a fini debout, le groupe à genou. Ils sont revenus une troisième fois alors que les lumières étaient rallumées et que les premiers prenaient le chemin de la sortie, pour improviser Antonia, un accord gratté nerveusement ad libitum, jusqu'à l'épuisement, se demandant s'ils pourraient offrir une telle prestation le lendemain à Toulouse.

2 commentaires:

Arty a dit…

Comment fais tu pour arriver à décrire un concert et transmettre tes émotions aussi bien ? On s'y croirait ! C'est émouvant.

Solitary Man a dit…

Mon secret? Tous les matins je prends du café noir avec du pain que je fais griller. :))