Time Fades Away

vendredi 28 novembre 2008

Le Chant Des Sirènes

Deux pour le prix d'un ce soir aussi.
Reparler d'Elysian Fields et des souvenirs remontent à la surface. Je les ai vu sur scène la dernière fois, c'était le 4 mai 2006 au Krakatoa. Voici le compte rendu que j'en faisais il y a deux ans.

Le Krakatoa est une salle de concert à Mérignac, à la périphérie de Bordeaux. Quand j'ai appris qu'Elysian Fields allait y passer début mai, je suis resté incrédule. Pour deux raisons. La première c'est qu'ils étaient déjà passés en octobre dernier à Barbey, et que revenir six mois après, c'était la cerise sur le gâteau. La deuxième, c'est qu'à Barbey, ils n'ont pas joué dans la salle de concert, mais au bar, en "formule club", c'est à dire 100 à 200 personnes à tout casser. De toute façon, c'est ce genre d'atmosphère qui convient le mieux à leur musique. Alors le Krakatoa, ça peut contenir 1000 personnes. M'étonnait beaucoup qu'en six mois ils puissent le remplir...
Arrivé, je me rends à l'évidence qu'ils ne joueront pas sur la grande scène, une tenture noire barre la salle, une petite scène a été installée sur la droite, ce sera en formule club aussi, à la différence qu'il faut sortir de la salle pour aller à la buvette. Lentement on s'est glissé au premier rang. On doit être moins de 200 c'est sûr. Sur la scène, un piano droit, un ampli sur lequel on posé un petit Casio vintage. On se doute qu'ils joueront en formule réduite.

Les lumières s'éteignent, Oren et Jennifer arrivent, seuls. Jennifer entre comme un papillon dans la lumière, elle a les épaules rentrées, un peu voûtée, elle se tient comme une petite vieille. Ils s'approchent l'un de l'autre, échangent quelques mots pour choisir la première chanson. Oren, majestueux comme toujours, prend la guitare, et on démarre avec Baby Get Lost. Tout le concert sera improvisé comme ça. Entre chaque titre, Oren se rapproche de Jennifer qui choisit le morceau qu'elle veut interpréter. Lui, chevalier servant, se dirige en fonction vers le piano ou reprend la guitare. Il y a une atmosphère indéfinissable qui s'installe. Les chansons jouées sont parmi les plus mélancoliques, le fait d'être interprêtées de façon aussi dépouillée, accentue ce sentiment. Jennifer, nous tourne quelque fois élégamment le dos pour rester dans son monde, dans cet état d'hypnose qui lui est nécessaire pour faire sortir sa plainte élégiaque, son chant de sirène. Le frisson à plusieurs reprises, celui qui prend tout le long du dos et qui se poursuit jusque dans les avant-bras. Quand Oren est à la guitare, il ne quitte pas Jennifer des yeux, il la couve, il a un très beau regard sur elle. Celui d'un homme qui est encore amoureux (oui parce qu'ils étaient plus ensemble ces derniers temps). Et il est là, il exhausse les désirs de sa muse, qui, quand elle chante, nous fait retenir notre souffle. Seul écart à leur répertoire, une reprise de T-Rex, Planet Queen, sur Electric Warrior. C'est drôle parce que depuis deux mois je réecoute beaucoup ce disque! Hasard! On a assisté à beaucoup plus qu'un concert, mais à un moment de vie, un moment de leur vie de couple déchiré qui tente de se retrouver et peut-être de se reconquérir.

Pour le dernier morceaux, au moment du rappel, il y a comme une divergence entre les deux. Finalement Oren cède et lui dit: Sure I can do the song! Il s'intalle sur le tabouret du piano et reprend sa guitare. Jennifer chante, elle a choisi Mermaid, la dernière chanson du premier album Bleed Your Cedar, d'une beauté à tomber à la renverse, et sacrément triste. Comme une fois de plus elle me montrait son cul, je regardais Oren. Tout d'un coup, j'ai vu une larme rouler le long de sa joue. Il a baissé la tête, continuant à jouer de ses belles mains ces arpèges tortueux. J'ai vu tomber une grosse larme sur ses chausures. Il a fini son solo, il a fini la chanson. Il s'est levé, s'est dirigé vers le micro, nous a souhaité: Bonne nuit, et a quitté précipitamment la scène visiblement très troublé.

Les dernières nouvelles d'Oren Bloedow et de Jennifer Charles remontent en août 2006, pour un Concert A Emporter sur La Blogothèque.
C'est toujours aussi beau.



2 commentaires:

KMS a dit…

Je les ai vu à cette époque là mais il y avait des musiciens en plus (Paris n'est-ce pas), au café de la danse, elle avait l'air un peu imbibée la Jennifer... ils avaient fait la même reprise de T.Rex.

Solitary Man a dit…

Ah!!Paris... Figures toi que six mois plus tôt ils étaient avec le groupe et que très honnêtement je n'ai qu'un vague souvenir de la prestation, alors que là, seuls tous les deux... Bon sang!!
Ce soir là, Jennifer, ça allait, parce qu'effectivement, je sais pas trop à quoi elle carbure, mais la première fois que je les ai vu, il m'a fallu patienter jusqu'en 2003 pour ça, je ne sais pas trop où elle était. Ils avaient commencé le concert par Hapiness Is A Warm Gun, le groupe, excellent sur cette tournée là, avait entamé le morceau avec un longue intro instrumentale, puis au bout d'un moment elle a surgi des coulisses droit au micro, le regard embrumé, lointain, visiblement ailleurs. Elle avait du un peu forcer peut-être pas sur le Bordeaux, mais sur le whiskaille...