Time Fades Away

dimanche 3 février 2008

La ferme

Je ne parle pas. Pas toujours. Pas tout le temps. Pas souvent. Je me tais la plupart de temps. Parce que je ne sais pas quoi dire. Parce que le son des mots mis bout à bout, le sens des phrases, soudain s'effacent. Parce que je suis fatigué et qu'on ne peut plus rien tirer de moi à moins de fermer les yeux un instant. Parce que j'ai trop pris sur moi, parce que j'ai eu l'impression d'avoir perdu mon temps. Où galopent mes pensées? Le plus souvent vers de la musique en continue, des scènes, des bribes de phrases, des paysages, des souvenirs, des gens que j'aime: du rêve, pas du concrêt, rien, non rien qui ne colle avec le quotidien. Parce que c'est le quotidien qui finit lentement mais sûrement par nous faire la peau.
Je n'arrive pas toujours à dire les choses, il m'est plus facile de les écrire. Plus facile de choisir les mots. Il ne font pas le même bruit, n'ont pas la même portée. Et quand j'écris, c'est que je n'en peux plus, c'est qu'il faut que ça sorte. Je me souviens d'une phrase de je-ne-sais-quel-bouquin de Comte-Sponville qui disait à peu de choses près: quand on écrit c'est qu'on ne peut plus se taire. Un écrit ça se retouche, ça se rature, ça se retravaille avant de se livrer. Ca se met à la corbeille au besoin.
Le silence fait peur. Il décontenance, déstablilise. Parce qu'il est perçu comme le vide par qui ne sait l'entendre. Il est des silences inquiétants alors. Les miens sont pleins, ma petite cervelle qui bouillonne en permanence, sans un bruit. Et j'écoute. Tout le monde parle, sans cesse, un bruit de fond continu, et personne qui n'écoute au bout du compte. La ferme! Il faut trier dans la masse d'information, souvent pour n'en rien tirer. Un silence aurait mieux fait l'affaire. C'est beau quelque fois un silence. Etre là, être deux, ou plusieurs, être ensemble, un peu de musique au besoin, ne rien se dire, se comprendre, avoir l'impression d'avoir partagé un tas de choses importantes.

5 commentaires:

Arty a dit…

La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer ce silence.

Miles Davis

Anonyme a dit…

C'est fort joliment dit...

Solitary Man a dit…

Arty>
Tu parles comme un livre... Je ne puis rien ajouter.

Rod>
Merci. Je prends des cours chez DdV...

Noboru Wataya a dit…

qu'elle écrit bien ma poulette, qu'elle me fait fier. :-)

Solitary Man a dit…

Nob Wat>
T'es mignonne :))