Time Fades Away

lundi 25 août 2008

Rentrée littéraire

"Je viens de réussir un petit exploit: passé deux jours et deux nuits avec onze Maures et un mécanicien pour sauver un avion. Alertes diverses et graves. Pour la première fois, j'ai entendu siffler les balles sur ma tête. Je connais enfin ce que je suis dans cette ambiance-là: beaucoup plus calme que les Maures. Mais j'ai aussi compris, ce qui m'avait toujours étonné: pourquoi Platon (ou Aristote?) place le courage au dernier rang des vertus. Ce n'est pas fait de bien beaux sentiments: un peu de rage, un peu de vanité, beaucoup d'entêtement et un plaisir sportif vulgaire. Surtout l'exaltation de sa force physique qui n'a pourtant rien à y voir. On croise les bras sur sa chemise ouverte et on respire bien. C'est plutôt agréable. Quand ça se produit la nuit il s'y mêle le sentiment d'avoir fait une immense bêtise. Jamais plus je n'admirerai un homme qui ne serait que courageux."

Antoine de Saint-Exupéry. Extrait de la préface de Vol De Nuit par André Gide.

J'aime bien cette définition du courage. Y regardant de plus près et décortiquant un peu les choses, ce qui passe aux yeux des autres pour noble n'est pas toujours digne d'admiration. Tout n'est pas aussi beau que ça en a l'air.
Deux bouquins en un week-end. Oui, fini deux bouquins un exploit! On reviendra sur Proust ultérieurement. Pour ne pas me retrouver sonné, au bord du vide, j'aime bien entamer le suivant dans la foulée, et dans ce cas, après quelquechose d'aussi dense et long, rincer la barrique avec quelquechose de plus aéré et court, comme petit Folio de première catégorie, lu dans l'après-midi.
Je ne me souviens pas avoir lu Saint-Ex avant. C'est concis, précis, économe en vocabulaire et en sentiments que l'on s'applique à faire taire. Le devoir d'abord, le devoir. Et si malgré tout vous êtes tentés d'épencher le fardeau qui leste votre âme dans cette promiscuité masculine, auprès d'un de vos subordonnés au cou et aux épaules plus larges, on vous rappelle bien vite à l'ordre, avant même que vous n'y ayez pu y prendre goût. Non monsieur... Pas de ce pain-là ici.

4 commentaires:

Arty a dit…

Les véritables actes de courage, passent souvent complètement inaperçus...

Solitary Man a dit…

Si seul'ment nouus avions
Le courage deees oiseaux
Qui chaaaantent
Dans le vent glacé

Anonyme a dit…

« Se précipiter au cœur d'une bataille et tomber aux champs d'honneur est assez facile et n'excède pas les moyens du plus simple des rustres. Mais le vrai courage est de vivre quand il faut vivre, et de mourir seulement quand il faut mourir ».

Inazo Nitobe

Solitary Man a dit…

Anomyme>
Très juste.
Enchanté, moi c'est Solitary.